C’est après une campagne terne et avec une offre éclatée de candidats (25 au total) que le Costa Rica est appelé, dimanche 6 février, à élire le ou la remplaçante du président Carlos Alvarado, ainsi que son nouveau Congrès, dans un contexte de déprime économique après deux années de pandémie de Covid-19.
Ce petit pays centraméricain de 5 millions d’habitants est gouverné depuis huit ans par le Parti d’action citoyenne (PAC, centre gauche) : en 2014, le PAC avait rompu avec quarante ans de bipartisme entre le Parti de la libération nationale (PNL) et le Parti d’unité sociale-chrétienne (PUSC), de centre droit.
Ce sont ces deux formations qui, aujourd’hui, arrivent de nouveau en tête des sondages pour la présidentielle. L’ex-président José Maria Figueres (1994-1998), du PLN, plafonne à 17 % des intentions de vote, selon le dernier sondage du Centre de recherche et d’études politiques (CIEP) de l’université du Costa Rica (UCR), publié mardi 1er février. Derrière lui, Lineth Saborio, du PUSC, ex-vice-présidente entre 2002 et 2006, obtient 13 %. Vingt-trois autres candidats se disputent le reste des intentions de vote, avec une majorité d’indécis (32 %). Un second tour, le 3 avril, est donc plus que probable.
« Coût social très élevé »
Longtemps considéré comme la « Suisse d’Amérique centrale » – stabilité politique, systèmes de santé et d’éducation dignes des pays riches, part des énergies renouvelables de 99 %, PIB par habitant jusqu’à dix fois plus élevé que celui de ses voisins –, le Costa Rica, en tête de l’Amérique latine dans l’indice de bonheur mondial, vit aujourd’hui des heures plus sombres, avec des indicateurs dans le rouge et une qualité de vie dégradée.
Le pays s’en sort plutôt bien face au Covid-19, avec une campagne de vaccination record dans la région (86 % de la population de plus de 12 ans a reçu deux doses). Mais le chômage est passé de 10 % en 2018 à 14 % aujourd’hui, avec un pic à 24 % à la mi-2020, et la pauvreté touche toujours 23 % de la population.
« Le bilan du président Carlos Alvarado est globalement négatif, pointe Alberto Cortés Ramos, professeur à l’école de sciences politiques de l’UCR. Face à la pandémie et dans un contexte de récession, il a choisi de réduire les dépenses publiques et de contenir le déficit fiscal. Il laisse des comptes assainis, mais pour un coût social très élevé. »
Une politique néolibérale qui a été soutenue, au Congrès, par les deux partis centristes, mais qui a fait perdre au PAC l’appui de ceux qui avaient permis sa victoire en 2014 et en 2018 : fonctionnaires, universitaires, gauche progressiste et classe moyenne en général. « En réduisant le budget des universités publiques, Carlos Alvarado s’est aliéné un acteur social qui est un véritable contre-pouvoir au Costa Rica », précise Tania Rodriguez Echavarria, enseignante-chercheuse au CIEP.
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