Un contingent important des renforts américains annoncés pour rassurer les alliés d’Europe de l’Est face aux tensions russo-ukrainiennes est arrivé, dimanche 6 février, à l’aéroport de Rzeszow-Jasionka, dans le sud-est de la Pologne, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse sur place.
« D’autres soldats arriveront au cours des heures qui viennent », a fait savoir le ministre de la défense polonais, Mariusz Blaszczak, lors d’une déclaration retransmise par des télévisions au moment même où l’appareil touchait le sol. Selon lui, le contingent de 1 700 soldats de la 82e division aéroportée américaine sera déployé « dans le sud-est de la Pologne, sur le flanc oriental de l’OTAN ».
Les préparatifs logistiques ont commencé depuis la semaine dernière, et le général de division Christopher Donahue, commandant de cette 82e division, composée de forces aptes au combat, est déjà arrivé en Pologne. Ce déploiement est destiné à « améliorer la préparation, l’interopérabilité dans tous les domaines avec nos alliés polonais et, si nécessaire, défendre n’importe quelle partie de l’OTAN », a déclaré le général lors d’un briefing, juste après l’atterrissage de ses soldats et du matériel.
Washington ne veut pas « déclencher une guerre »
C’est « une mesure prudente pour prévenir collectivement tout objectif de guerre. Il est de nature défensive, et il s’agit clairement d’assurer la protection de l’ensemble de l’Alliance », a-t-il insisté. « Le président [Joe Biden] dit clairement depuis des mois maintenant que les Etats-Unis n’envoient pas de troupes pour déclencher une guerre ou faire la guerre à la Russie en Ukraine », a répété le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, sur la chaîne télévisée Fox, ajoutant qu’il s’agissait de « défendre le territoire de l’OTAN ».
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi l’envoi de 3 000 soldats américains supplémentaires en Europe de l’Est pour défendre les pays de l’OTAN « contre toute agression », en plein ballet diplomatique visant à convaincre Moscou de retirer ses troupes massées aux frontières de l’Ukraine. Les nouvelles troupes américaines s’ajoutent aux 8 500 militaires placés en état d’alerte à la fin de janvier par M. Biden pour être déployés dans la force de réaction rapide de l’OTAN en cas de besoin.
Jake Sullivan a estimé sur NBC qu’« une escalade militaire et une invasion de l’Ukraine pourraient intervenir n’importe quand ». « Nous pensons que les Russes ont déployé les capacités pour lancer une opération militaire importante en Ukraine, et nous travaillons d’arrache-pied pour préparer une réponse », a-t-il expliqué. « Le président Biden a rassemblé nos alliés, il a renforcé et rassuré nos partenaires sur le flanc oriental, il a fourni du soutien matériel aux Ukrainiens, il a proposé aux Russes une voie diplomatique » pour sortir de la crise, a-t-il énuméré.
L’Ukraine voit une sortie diplomatique de la crise
Le renseignement américain estime que Moscou a déjà 70 % du dispositif nécessaire à une invasion à grande échelle de l’Ukraine et pourrait disposer de capacités suffisantes, soit 150 000 hommes, pour lancer une offensive dans deux semaines, selon des responsables américains. Mais la présidence ukrainienne a jugé plus tôt dimanche qu’une sortie diplomatique de la crise était encore possible. « Les chances de trouver une solution diplomatique pour une désescalade sont considérablement supérieures à la menace d’une nouvelle escalade », a déclaré le conseiller du chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.
« Une concentration importante de troupes russes près de nos frontières (…) se maintient depuis le printemps dernier ». Mais pour « effectuer une pression psychologique massive », la Russie procède à des « rotations massives », à des manœuvres et des mouvements d’armements, a poursuivi le responsable dans des commentaires écrits. Cependant, l’Ukraine et ses alliés occidentaux doivent « être prêts à tous les scénarios, et nous exécutons cette tâche à 100 % », a encore fait valoir M. Podoliak.
Les services de renseignement n’ont pas établi si le président russe, Vladimir Poutine, avait pris la décision de passer à l’offensive. Toutefois, ces derniers ont déterminé qu’il voulait se réserver toutes les options possibles, de l’invasion partielle de l’enclave séparatiste du Donbass à l’invasion totale. Si M. Poutine choisissait l’option la plus radicale, il pourrait encercler Kiev, la capitale ukrainienne, et renverser le président Volodymyr Zelensky en quarante-huit heures, selon ces responsables.
Ils ont prévenu que le conflit aurait un coût humain considérable, risquant de provoquer la mort de 25 000 à 50 000 civils, de 5 000 à 25 000 soldats ukrainiens et de 3 000 à 10 000 soldats russes. Il pourrait aussi causer un afflux de 1 million à 5 millions de réfugiés, principalement vers la Pologne. De son côté, la Russie dément toute velléité d’invasion, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité.
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