En décembre 2020, en sanctionnant la Russie pour sa pratique institutionnalisée du dopage, le Tribunal arbitral du sport avait eu la délicatesse de prévoir une dérogation à l’interdiction faite aux officiels russes d’assister à des événements olympiques – un « joker » offrant au chef de l’Etat organisateur le droit d’inviter qui bon lui semble.
Cet alinéa a permis à Xi Jinping et Vladimir Poutine d’assister ensemble, vendredi 4 février, à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver, dans le stade national de Pékin. De quoi relativiser l’impression d’isolement de la Chine, due au désistement ou au boycott de nombre de dirigeants, occidentaux en premier lieu. De quoi, surtout, souligner l’ampleur du rapprochement opéré ces dernières années entre Moscou et Pékin, portant la relation entre les deux pays à un niveau « sans précédent », selon les propos de M. Poutine.
La réception du président russe par M. Xi durant près de trois heures, la signature d’une quinzaine de documents, y compris commerciaux, mais surtout la publication d’un long document affichant la proximité des deux Etats dans les affaires du monde ont sans conteste constitué le point d’orgue diplomatique de cette journée olympique. « Même sans boycott occidental, Poutine aurait eu ce statut d’invité d’honneur, souligne Alexandre Gabouïev, spécialiste de l’Asie au centre Carnegie de Moscou. La présence de Joe Biden aurait seulement posé un léger problème de protocole… »
Une longue « déclaration commune sur l’entrée des affaires internationales dans une nouvelle ère » a été publiée. Pékin et Moscou y affichent des vues convergentes sur la gouvernance planétaire, la nécessité d’un monde « multipolaire », la gestion « souveraine » d’Internet ou la « politisation » du Covid-19 ou des droits de l’homme. Russie et Chine se posent également en défenseures de la « démocratie authentique ».
Soutiens réciproques
Au-delà de ces déclarations de principe qui dessinent un axe politique autant que stratégique, le document est une charge contre les Etats-Unis et leur « approche de guerre froide ». Dans une sorte d’échange de bons procédés, chaque partie y affiche son soutien à l’autre sur ses sujets de préoccupation principaux. La déclaration se dit ainsi « opposée à tout élargissement futur de l’OTAN », faisant écho au contentieux diplomatique qui oppose Moscou et les Occidentaux sur fond d’escalade militaire autour de l’Ukraine. La Chine réitère ici son « soutien » à la demande russe d’obtenir des « garanties juridiques » pour sa sécurité. Pour Pékin, l’OTAN n’est qu’un reliquat de la guerre froide qui a perdu toute légitimité après l’effondrement de l’Union soviétique et du Pacte de Varsovie à la fin du XXe siècle.
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