Publié le : 04/02/2022 – 17:02
Le quotidien suisse Le Temps s’intéresse cette semaine aux sondages français, abondamment publiés durant la campagne présidentielle. Selon l’auteur de l’article, qui questionne leur fiabilité et leur opacité, il est tout simplement impossible de leur faire confiance.
« Connectez-vous sur n’importe quelle chaîne TV française ou ouvrez n’importe quel journal : la réponse est là, sous forme de sondages, d’enquêtes d’opinion ou de baromètre des personnalités françaises. Elle se lit sous forme de pourcentages assénés comme des évidences », souligne le correspond du journal suisse Le Temps à Paris, Richard Werly, dans un article publié jeudi 3 février.
Le journaliste fait ainsi le constat d’une passion française pour les sondages qui s’intensifie en période électorale et s’interroge sur la confiance qu’il faut leur accorder. Il remet notamment en cause leur fiabilité, prenant l’exemple des intentions de vote concernant Éric Zemmour, très variables d’un sondage à l’autre.
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L’article du Temps cite notamment Jean-Yves Dormagen, fondateur du laboratoire d’études Cluster 17, interviewé le 1er février par Le Figaro : « Je constate (qu’Éric) Zemmour est l’un des candidats sur lesquels les différences sont les plus importantes, explique-t-il. Nous l’estimons, comme Harris Interactive, à 14 %, alors que d’autres enquêtes le mesurent à moins de 12 %. C’est un écart en réalité réduit, mais qui modifie substantiellement la lecture des rapports de force et des chances de qualification au second tour. Du fait qu’il clive énormément, il se peut qu’il soit sous-évalué et cela d’autant plus que nous n’avons pas d’historique électoral le concernant. »
« Risque de voir s’installer un écran de fumée électoral »
L’autre problème, selon Le Temps, viendrait « de l’opaque fabrique sondagière ». L’auteur appuie son propos en citant une enquête du Monde, publiée en novembre, qui soulignait que de nombreux instituts de sondage avaient recours à des panels de consommateurs recrutés sur Internet, « sans véritable contrôle ni régulation, en échange d’une rémunération modique ».
Face à la profusion de sondages dans les médias, Richard Werly note que Ouest-France a choisi le contre-pied en prenant la décision, en octobre 2021, de n’en publier aucun jusqu’à l’élection présidentielle. Et de citer le rédacteur en chef du quotidien régional, François-Xavier Lefranc, évoquant « cette insupportable avalanche de chiffres qui est utilisée pour marteler les choses, pour bourrer la tête des citoyens ».
« Il ne s’agit pas de nier l’utilité du baromètre. La question est sa fiabilité, et surtout le risque de voir s’installer un écran de fumée électoral, dans un sens ou un autre, vu le tsunami de statistiques et de pourcentages assénés au quotidien », juge l’auteur de l’article du Temps. Avant de conclure : « Peut-on faire confiance aux sondages français à moins de trois mois du premier tour de scrutin, le 10 avril ? Pour ma part et pour toutes ces raisons, la réponse est non. »
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