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Le ski en Chine, loin de la manne espérée pour les acteurs français

Au Sunac Snow Park, une station de ski couverte, à Chengdu, dans la province du Sichuan, en Chine, le 28 novembre 2020. NOEL CELIS/AFP

Ils rêvaient d’un grand bond, mais doivent se contenter d’un petit pas. Eldorado fantasmé des industriels français de la montagne, la Chine n’a pas, pour l’heure, répondu aux immenses attentes. Et la pandémie de Covid-19 devrait empêcher les Jeux olympiques (JO) d’hiver de Pékin de jouer le rôle de catalyseur dont rêvaient l’Etat central et les aménageurs européens. Bien sûr, tout n’a pas échoué. La Chine a intégré le top 10 mondial en matière de « journées skieurs » avant la pandémie, et le nombre de skieurs continue de croître, atteignant 13 millions, selon les experts.

C’est loin des quelque 120 millions visés par l’Etat en 2030, un chiffre ambitieux qui reviendrait à doubler le nombre de skieurs dans le monde. Autre motif d’espoir : la population de skieurs est jeune, beaucoup plus qu’en Europe. « Il y a un potentiel de croissance considérable et c’est le seul marché en développement, constate Laurent Vanat, consultant pour l’industrie du ski intervenu dans des stations chinoises. Il y aura bientôt des stations de ski dans toutes les provinces et, avec les ski-dômes, le sport est venu à portée des populations des villes. »

Depuis quinze ans, de riches hommes d’affaires ont, sur incitation de l’Etat, développé des stations intégrées dans la province du Hebei, où auront lieu des épreuves des JO, à une heure de train de Pékin. Ils ont fait appel au savoir-faire européen. Fourniture de télécabines, planification de stations, formation de moniteurs, enneigement artificiel, diversification des activités touristiques : les PME de Rhône-Alpes ont pris leur part dans ce marché, comme leurs concurrents suisses, autrichiens et italiens.

« Des contrats très limités »

Mais l’économie est embryonnaire. Sur les près de 800 « stations de ski » que recense la Chine, seule une vingtaine approchent les standards européens. Les 120 kilomètres de pistes sur l’ensemble du pays équivalent à un domaine de taille moyenne dans les Alpes françaises. Et la géographie des montagnes chinoises est défavorable. Dans le Nord-Est, près de la frontière russe, la longueur du périple et les températures à − 30 °C, dans la station pionnière de Yabuli, ne laissent pas envisager une pratique massive.

« On se pose la question de savoir si le produit ski proposé est en adéquation avec ce que veulent les touristes chinois » Edouard Dovillaire, du fabricant Poma

Dans le Hebei, on ne trouve que des pentes douces, propices à l’initiation, et la neige n’est qu’artificielle sur l’ensemble des domaines – comme les olympiens s’apprêtent à le constater. « Cela n’a pas été un eldorado, plutôt des vitrines, estime Benoît Robert, directeur du Cluster Montagne, qui regroupe les aménageurs français de la montagne et a mené les missions d’évangélisation en Chine. Le marché des JO a été beaucoup moins important que ceux de Sotchi [2014], en Russie, où il a fallu construire des stations de A à Z. Là, ce sont davantage des stades de neige. On fait le tour d’une station en une matinée. »

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