La Russie et la Chine ont publié, vendredi 4 février, une déclaration commune pour dénoncer l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales – l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) d’une part, et le pacte trilatéral Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis (Aukus) d’autre part –, les jugeant déstabilisatrices.
La déclaration russo-chinoise « sur l’entrée des relations internationales dans une nouvelle ère » a été publiée à l’occasion de la rencontre des présidents russe, Vladimir Poutine, et chinois, Xi Jinping, à Pékin, juste avant l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver.
Dans ce document, les deux pays – aux relations toujours plus tendues avec Washington – se disent « opposés à tout élargissement futur de l’OTAN », faisant écho à l’exigence première de Moscou pour parvenir à une désescalade des tensions russo-occidentales en Ukraine. Ils appellent « l’Alliance nord-atlantique à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide », une ligne défendue bec et ongles par la Russie.
La Russie et la Chine se rangent derrière le concept de « l’indivisibilité de la sécurité », sur lequel le Kremlin se fonde pour réclamer un départ de l’OTAN de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque Etat, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances.
Des accords stratégiques signés
Les deux pays dénoncent en outre « l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des Etats-Unis ». Ils se disent « préoccupés » par la création en 2021 de l’alliance militaire des Etats-Unis avec le Royaume-Uni et l’Australie (Aukus), estimant que cette union, notamment autour de la fabrication de sous-marins nucléaires, « touche à des questions de stabilité stratégique ».
La création d’Aukus avait été vivement dénoncée par la Chine, alors que les Etats-Unis considèrent comme une priorité leur compétition avec Pékin en Asie et dans le Pacifique.
Sur le plan économique, les deux pays ont signé des accords stratégiques sans en dévoiler les montants. Le pétrolier russe Rosneft et le groupe pétrolier chinois CNPC ont signé un contrat sur l’approvisionnement de 100 millions de tonnes de pétrole russe à la Chine via le Kazakhstan sur dix ans. Rosneft affirme être le plus grand exportateur pétrolier pour la Chine (7 % de la demande chinoise de brut annuelle). Gazprom et CNPC ont également signé un nouveau contrat d’approvisionnement en gaz.
« Une fois que le projet aura atteint sa pleine capacité, le volume d’approvisionnement (…) augmentera de dix milliards de mètres cubes pour atteindre au total 48 milliards de mètres cubes par an », y compris les 38 milliards de mètres cubes livrés avec le gazoduc existant Power of Siberia, selon le géant gazier russe.
Lors de son entretien avec Xi Jinping, le président russe a salué les relations d’une qualité « sans précédent » de son pays avec la Chine, selon des propos retransmis à la télévision russe. Un « exemple de relation digne, où chacun aide et soutient l’autre dans son développement », a estimé M. Poutine. La rencontre va permettre « d’injecter plus de vitalité » entre les deux pays, a souligné M. Xi, cité par l’agence Chine nouvelle.
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