Publié le : 04/02/2022 – 04:49
Depuis samedi, des manifestants contre les mesures sanitaires occupent la capitale canadienne. Le Premier ministre Justin Trudeau a affirmé jeudi qu’il n’était pas question pour l’instant d’envoyer l’armée pour les déloger.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a écarté, jeudi 3 février, la possibilité d’envoyer l’armée pour déloger les camionneurs qui s’opposent aux mesures sanitaires et occupent depuis plusieurs jours la capitale fédérale Ottawa.
Ottawa est le théâtre depuis samedi d’un mouvement de protestation, initié par des camionneurs pour dénoncer les restrictions sanitaires et la politique du gouvernement de Justin Trudeau face à la pandémie.
« Il n’est pas question pour l’instant d’envoyer l’armée », a déclaré le Premier ministre canadien, estimant qu’il fallait être « très, très prudent avant de déployer l’armée quand des citoyens canadiens sont impliqués ».
Mais ce dernier, actuellement à l’isolement car testé positif lundi dernier, a de nouveau appelé les manifestants à quitter les lieux, une option repoussée par ces derniers prêts à un bras-de-fer avec le gouvernement.
Plusieurs rues du centre-ville occupées
« Notre départ se fera quand le Premier ministre fera la bonne chose et mettra fin à toutes les obligations et restrictions », a déclaré en conférence de presse jeudi Tamara Lich, l’une des leaders du mouvement parti de l’ouest du pays.
Portant drapeau canadien sur les épaules, ou pancartes anti-Trudeau, les manifestants les plus déterminés occupaient toujours plusieurs rues du centre-ville jeudi, a constaté un journaliste de l’AFP. Samedi, ils étaient des centaines de camions et 15 000 personnes.
Devant le Parlement sur la rue Wellington, fermée à la circulation, Shannon Laurent s’affairait à installer un grill pour nourrir les manifestants. « Je ne suis pas d’accord avec l’obligation vaccinale parce qu’on devrait pouvoir choisir », explique à l’AFP la résidente d’Ottawa, qui ne croit pas à l’efficacité des vaccins contre le coronavirus.
Bal Tiwana a parcouru des milliers de kilomètres en provenance de Calgary (ouest) pour clamer haut et fort son opposition: « moi et ma femme avions l’habitude de voyager tout le temps, et nous ne pouvons plus nous asseoir dans un avion », a-t-il expliqué à l’AFP, se révoltant contre cette mesure qui « brime (sa) liberté de déplacement ». Depuis novembre, au Canada, il est impératif d’être vacciné pour prendre un train ou un avion.
La journée de samedi sera cruciale
La mobilisation des camionneurs n’est soutenue d’après les enquêtes d’opinion que par une minorité des Canadiens, 32 %, d’après un récent sondage.
Au Canada, les mesures sanitaires établies par les provinces restent très contraignantes, parmi les plus restrictives en Occident. La province du Québec est notamment l’une des régions au monde qui a imposé le plus de jours de confinement à sa population.
« La majorité de la population ne semble pas suivre (le mouvement des camionneurs), mais il y a quand même une minorité significative qui s’y identifie » maintenant, a commenté le politologue Daniel Béland évoquant les « divisions de la société canadienne ». Cela représente aujourd’hui une frange plus large de la population que les simples non-vaccinés, qui correspondent à 10 % des adultes Canadiens.
La prochaine journée cruciale dans ce bras-de-fer sera samedi car les contestataires espèrent de nouveau être rejoints par la foule dans les rues d’Ottawa et des manifestations similaires sont prévues à Toronto et à Québec.
Les camionneurs, mobilisés à l’origine contre l’obligation vaccinale pour traverser la frontière canado-américaine, promettent de tenir sur la durée notamment grâce à une campagne de financement sur GoFundMe qui leur a permis d’amasser plus de 10 millions de dollars canadiens (7 millions d’euros).
Avec AFP
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