Amélie Zima est chercheuse en relations internationales au Centre Thucydide de l’Université Panthéon-Assas Paris II et associée au Centre de civilisation française de l’Université de Varsovie. Spécialiste de l’Europe centrale et de l’OTAN, elle est l’autrice du « Que sais-je ? » sur l’Alliance atlantique (PUF, 2021)
Amélie Zima en juillet 2021. AMELIE ZIMA
Quels sont les enjeux pour l’Union européenne (UE) face aux menaces russes d’invasion de l’Ukraine ?
La capacité de résilience et de résistance de l’UE se trouve mise à l’épreuve. En Ukraine, le mouvement Euromaïdan – les manifestations pro-européennes de 2013 et de 2014 – est né du refus de l’ex-président Viktor Ianoukovitch [2010-2014] de signer un accord d’association avec l’UE, au profit d’un traité avec la Russie. Dans la mesure où tout est parti de cette perspective d’association, et non d’une volonté d’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord [OTAN], l’UE ne devrait pas rester un acteur de second plan.
Dans cette histoire, nous avons tendance à surévaluer la place de l’OTAN. L’Alliance n’a pourtant jamais accordé à l’Ukraine de « plan d’action pour l’adhésion » en vue d’un éventuel élargissement, même si promesse avait été donnée d’examiner sa candidature, lors du sommet de Bucarest, en 2008. En revanche, l’UE a progressé dans le rapprochement en concluant avec l’Ukraine, après le départ de Ianoukovitch en 2014, un accord de libre-échange complet et approfondi.
Ce rapprochement explique-t-il le refus de Vladimir Poutine de parler à l’UE ?
Cet accord d’association, signé par le président Petro Porochenko [2014-2019], arrivé au pouvoir après l’Euromaïdan, a des conséquences importantes pour le développement de l’Ukraine, avec un transfert de normes et de pratiques, le développement des échanges, la création d’une zone de libre-échange. La force d’attraction de l’UE en Ukraine gêne le président Poutine, d’autant qu’elle concerne un pays situé aux frontières de la Russie. L’UE peut contribuer à le transformer plus que ne pourra jamais le faire l’OTAN, dont les domaines d’action sont moins larges. En revanche, l’argumentaire de Poutine, selon lequel l’Ukraine serait en train d’adhérer à l’OTAN, n’est pas fondé dans les faits.
Quels sont les effets pour l’Alliance atlantique de la menace russe ?
La crise a un effet contraire à celui qui est recherché. Poutine espérait diviser les alliés. Mais les exigences exprimées par Moscou, tant sur l’Ukraine que sur la démilitarisation des Etats membres d’Europe centrale et orientale de l’OTAN, sont jugées inacceptables.
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