France World

Quand le boulanger chasse la fast-fashion

Au cours des dernières décennies, rue du Commerce à Paris comme dans la plupart des grandes villes, les commerces de bouche ont laissé peu à peu la place aux boutiques de vêtement: les charcutiers, traiteurs, bouchers et autres marchands de légumes ont cédé leur pas de porte à des enseignes comme Etam, Minelli, Princesse Tam Tam, Lacoste, Petit Bateau. Mais le mouvement de balancier est en train de s’inverser de façon spectaculaire. Publiées le 3 février, deux études viennent illustrer ce chassé-croisé tout à fait inédit et impensable il y a encore deux ans. Ainsi, l’Alliance du Commerce, qui représente 27.000 magasins dans l’équipement de la personne, associé à Retail Int., a dévoilé les chiffres de leur panel mensuel sur ce marché. Ils sont catastrophiques.

Malgré les soldes, les ventes d’habillement s’effondrent

En janvier, les ventes d’habillement affichent une baisse de 23,7% par rapport au même mois de 2019, année d’avant la pandémie. Certes, les mesures sanitaires liées à la cinquième vague du Covid-19, ont pesé sur l’activité. Mais, grâce aux soldes, le premier mois de l’année est généralement le plus dynamique pour les vendeurs de textile, après celui de décembre. « Le nombre très élevé de cas positifs ou contacts, la mise en place du télétravail obligatoire 3 à 4 jours par semaine ou encore les difficultés liées à la garde des enfants dont les classes ont été fermées, ont entraîné une chute des déplacements des Français dans les lieux de commerce et une quasi-désertification des centres-villes et des centres commerciaux », constate l’organisation professionnelle. Or, selon l’Alliance du commerce, les ventes sur Internet ne compensent pas cette évaporation de la clientèle en magasin. En janvier, le panel enregistre une croissance de ses ventes en ligne de seulement 47% comparé à 2019, et une décroissance de 5% comparé à janvier 2021. De même, les soldes ne remportent plus guère de succès, en net recul par rapport à la période pré-Covid.

Lire aussiSoldes d’hiver: pourquoi les petits commerces y tiennent tant?

Les commerces de bouche ont connu une année exceptionnelle

« Dans ces conditions, il est urgent que le Gouvernement étende à toutes les entreprises du commerce les mesures de soutien mises en place pour les secteurs affectés par la crise et qu’il mette en place une solution rapide pour contenir dès 2022 la hausse automatique des loyers des commerçants », défend Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce. Cependant, alors que les marchands de vêtements se morfondent, les commerçants de produits alimentaires frais se frottent les mains. En effet, selon le baromètre annuel IRI/LSA, publié également le 3 février, les artisans des métiers de bouche ont connu une année 2021 exceptionnelle. Bouchers, boulangers, poissonniers et marchands de fruits captent même l’essentiel de la croissance de 9,2%, enregistrée, soit 4 milliards d’euros dépensés en plus pour un total de 49 milliards. « Le marché des produits frais traditionnels est en pleine expansion, analyse Emily Mayer, directrice Business Insight d’IRI dans le magazine LSA. Et si le chiffre d’affaires se développe dans tous les circuits, il croit beaucoup plus fortement en dehors des grandes surfaces alimentaires avec des dépenses en croissance de 36% dans les commerces traditionnels et de 42% dans les supermarchés du frais. »

La grande distribution profite peu du succès de l’alimentaire frais

Pour la grande distribution, le risque existe de perdre un puissant moteur pour alimenter le trafic de leurs hypermarchés alors que les rayons non-alimentaires sont en recul depuis des années. Parmi les métiers qui se développent le plus en dehors des grandes surfaces, la boulangerie traditionnelle enregistre notamment une croissance de chiffre d’affaires de 30% selon IRI grâce à une diversification de l’offre et des prix raisonnables. Il suffit de voir les files d’attentes devant leurs magasins à l’heure du déjeuner. Pourtant, le pain reste un produit d’appel très important pour les supermarchés. En lançant récemment la baguette à 29 centimes, les Centres E.Leclerc l’ont prouvé à nouveau. Mais ce n’est peut-être plus un argument aussi fort qu’avant, notamment dans les grandes villes.

]

Source

L’article Quand le boulanger chasse la fast-fashion est apparu en premier sur zimo news.