Avant que les soirées arrosées de Downing Street ne le rattrapent, le conservateur britannique Boris Johnson s’était sorti de bien des mauvais pas. Mensonges, revirements, parole trahie, tout lui était pardonné avec, en guise de passe-partout, sa jovialité naturelle, son sens de l’humour et ce bagout de grand flambeur du verbe.
Premier ministre du Royaume-Uni depuis 2019, il a longtemps appartenu au club politique des « Tefal » – cette catégorie de dirigeants sur lesquels tout glisse et rien « n’attache », comme il en va, dit la publicité, de la célèbre poêle à frire. La contorsion lui servait de conviction. Mais la période « Tefal » touche à son terme. Cette fois, l’Houdini de Whitehall semble avoir épuisé l’insondable capital chance qui était le sien depuis la naissance.
Les raisons pour lesquelles il chute, et pourrait être amené à démissionner, tiennent à la vraie nature de son appartenance politique : non pas le conservatisme, mais un mélange de populisme et de cynisme (les deux maladies allant souvent de pair). Ce n’est pas sa plasticité idéologique qui lui est reprochée : il est aujourd’hui en économie plus « keynésien », partisan d’un gouvernement interventionniste, que thatchérien, avocat d’un Etat rabougri. Johnson trébuche sur quelque chose de plus grave.
Politiquement très dommageable
Le rapport d’enquête d’une haut fonctionnaire, Sue Gray, chargée de tirer au clair le comportement du premier ministre durant les périodes de confinement pandémique, stigmatise un hors-la-loi à l’entourage porté sur la bouteille. A quatre reprises au moins, dans les jardins de la résidence-bureau du premier ministre ou, à l’étage, dans ses appartements, la fiesta battait son plein, et tant pis pour les règles de distanciation sociale et l’interdiction de tout regroupement.
Pour un conservateur, parti où l’on porte haut et fier le respect de la loi, de l’ordre et des institutions, c’est politiquement très dommageable. Mais pour Boris Johnson, les « javas » du 10 Downing Street recèlent l’équivalent d’une tonne de TNT. Elles font exploser l’image qu’il s’est construite, celle d’un patriote de combat.
Talentueux bateleur en faveur du Brexit durant la campagne de 2016, « BoJo », comme l’appelle la presse, flirtait volontiers avec de généreuses comparaisons historiques : quitter l’Union européenne (UE), c’était retrouver l’esprit du Blitz, Londres sous les bombardements, et revivre le feuilleton télévisé Dad’s Army célébrant l’unité et la glorieuse solitude du pays face à Hitler.
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