Son nom était inconnu du grand public. Il aura certainement un successeur, mais sa disparition constitue néanmoins un succès pour la Maison Blanche. Le chef de file de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), surnommé Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, a trouvé la mort dans une opération militaire américaine, menée jeudi 3 février, au sol, dans le nord-ouest de la Syrie.
Le successeur d’Abou Bakr Al-Baghdadi, tué dans une attaque similaire, en octobre 2019, se serait fait sauter à l’aide d’une charge explosive, pour éviter d’être capturé. Il résidait depuis des mois dans une maison de plusieurs étages, avec sa famille, à Atmé, dans la province d’Idlib, une zone contrôlée par Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida. Une prime de 10 millions de dollars (8,7 millions d’euros) avait été offerte par les Etats-Unis pour sa neutralisation.
« Cette opération témoigne du rayon d’action et des capacités de l’Amérique à éliminer les menaces terroristes, quel que soit l’endroit dans le monde où elles tentent de se dissimuler », a déclaré Joe Biden, au cours d’une allocution prononcée dans la matinée à la Maison Blanche. En avril 2021, le directeur de l’Agence centrale de renseignement (CIA) américaine, William Burns, s’était inquiété du risque que le retrait militaire à venir d’Afghanistan ne conduise à une baisse dans la collecte de renseignements sur Al-Qaida et l’EI. L’opération d’Atmé sert aussi à confirmer l’engagement continu des Etats-Unis dans la lutte antiterroriste au Moyen-Orient.
« La force motrice dans le génocide des yézidis »
Selon le président américain, Al-Qourachi « a été la force motrice dans le génocide du peuple yézidi dans le nord-ouest de l’Irak en 2014 », une allusion aux massacres perpétrés par l’EI à l’encontre de cette minorité religieuse irakienne. Joe Biden a aussi attribué à cet « horrible leader terroriste » un rôle-clé dans l’attaque spectaculaire, mais non concluante, conduite récemment par l’EI contre la prison de Ghwayran, sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde) à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. L’assaut, qui a duré plus d’une semaine et s’est soldé par la mort de 373 personnes dont 268 assaillants, constitue la plus importante opération menée par l’organisation djihadiste depuis l’écrasement de son califat autoproclamé, en 2019, sous les coups des FDS et de la coalition internationale anti-EI.
Selon l’organisation des casques blancs syriens, 13 civils auraient été tués au cours de l’opération jeudi. Du côté américain, on attribue l’entière responsabilité de ces pertes – estimées à un nombre inférieur de personnes, sans plus de précision – à l’attitude du leader de l’EI et de l’un de ses lieutenants. Vivant au troisième étage du bâtiment, Al-Qourachi ne sortait jamais, sauf pour se rendre parfois sur le toit. Il utilisait des messagers pour communiquer avec son réseau de correspondants. « Dans un geste ultime et désespéré de couardise », selon l’expression de Joe Biden, il aurait actionné une bombe au début de l’opération, provoquant ainsi sa propre mort ainsi que celle de sa famille. L’un de ses lieutenants, au deuxième étage, aurait tenté de résister, avant d’être tué, avec ses proches.
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