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JO 2022 : les bonnes affaires en famille de Pékin et du CIO

Thomas Bach, le président du CIO, à gauche,  et le président chinois XI Jinping, au Diaoyutaila, à Pékin, la résidence officielle des dignitaires étrangers en visite en Chine, le 25 janvier 2022. ZHANG LING / AP

S’il ne fallait retenir qu’un symbole de deux décennies d’affinités électives entre la Chine et le Comité international olympique (CIO), ce serait ce buste qui trône depuis le 18 janvier dans le parc olympique de Dongsi à Pékin. La réalisation de l’œuvre est grossière, mais on distingue les traits de Thomas Bach, président du CIO depuis septembre 2013, statufié de son vivant pour avoir donné à la Chine ses deuxièmes Jeux olympiques (JO) en quatorze ans.

Après ceux d’été en 2008, la capitale chinoise est la première ville à accueillir les Jeux d’hiver. Aucune rivale occidentale n’a jamais réussi cet exploit. « Les Jeux, ce n’est pas que le sport mais aussi l’art et la culture », a dit Yu Zaiqing, le vice-président de Pékin 2022 en dévoilant l’œuvre. Il est lui-même… membre du CIO.

Jamais, depuis le boycott des JO de Moscou en 1980, une olympiade n’aura suscité un tel malaise en raison du gouffre entre les valeurs olympiques – le CIO affirme vouloir promouvoir les droits de l’homme par le sport – et la réalité politique du pays hôte sur la question centrale des droits humains (Xinjiang, Hongkong, Tibet).

« Espérons que cette édition marquera la fin du mythe risible selon lequel les Jeux sont apolitiques, dit le chercheur américain Jules Boykoff, auteur d’un livre (Power Games : A Political History of the Olympics, Verso Books, 2016) et d’études sur l’instrumentalisation du mouvement olympique par les pouvoirs politiques, à commencer par les dictatures, pour soigner ou blanchir leur image. Si l’hypocrisie était une discipline olympique, le CIO raflerait la médaille d’or sans coup férir. »

L’affaire Peng Shuai comme révélateur

Ces dernières semaines, la position de stricte neutralité revendiquée par le CIO a suscité de fortes critiques. Celles-ci ont redoublé après la mise en avant d’un appel vidéo de Thomas Bach à la joueuse de tennis chinoise Peng Shuai, qui avait disparu en novembre 2021 après avoir dénoncé une agression sexuelle par un cacique du régime. Cet entretien, censé prouver que la joueuse « allait bien », a accentué les soupçons de duplicité de Pékin et du CIO sans alléger les craintes concernant le sort de l’intéressée.

Au cours d’un (rarissime) entretien à la chaîne publique allemande ZDF, le 14 décembre 2021, Thomas Bach, impassible, a répété le mot d’ordre de non-ingérence du CIO : « Ce qui s’est passé entre-temps [depuis 2008 quand la Chine avait laissé entendre que ses premiers JO accompagneraient l’ouverture politique du pays] n’est pas de notre ressort ni de notre sphère d’influence. Si nous ne devions organiser des Jeux que là où nous serions d’accord sur tout, alors nous serions assez vite seuls chez nous. Notre responsabilité n’est pas de résoudre les problèmes politiques de ce monde. »

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