France World

« Je me suis endormi tranquillement. Sans crainte ni hésitation » : en Suède, le débat sur le suicide assisté relancé par un moine bouddhiste

Le conférencier et écrivain suédois Björn Natthiko Lindeblad, à Stockholm, en septembre 2021. CLAUDIO BRESCIANI / TT NEWS AGENCY /AFP

Björn Natthiko Lindeblad avait tout prévu. Fin novembre 2021, l’ancien moine bouddhiste a rassemblé 300 personnes dans un restaurant du bord de mer, à Göteborg, pour fêter ses 60 ans. Il y avait la famille, les amis et une palette de célébrités.

En fin de soirée, vêtu d’une veste chinoise rouge brodée, pantalon et baskets dorées, le conférencier et maître spirituel est monté sur scène, calé dans son fauteuil ­roulant. Souriant, il a remercié ses invités d’être venus, a confié qu’il avait « un plan » et a prévenu que c’était « la dernière fois » qu’il voyait la plupart d’entre eux.

Björn Natthiko Lindeblad avait appris en 2018 qu’il souffrait de la maladie de Charcot (ou sclérose latérale amyotrophique), une affection neurodégénérative incurable qui se traduit par une paralysie progressive du corps. Mardi 18 janvier, il a annoncé lui-même sa mort, dans un message écrit plus tôt et publié sur les réseaux sociaux, où il comptait 150 000 followers : « C’est arrivé en milieu de journée, le 17 janvier, dans le nord du Halland, et j’étais entouré de mes proches. J’ai avalé un smoothie avec la préparation habituelle, puis je me suis endormi calmement et tranquillement. Sans crainte ni hésitation. J’ai eu ce que je voulais. »

Selon le journal Svenska Dagbladet, qui l’avait rencontré pour une ultime interview, il est décédé à 12 h 23. « Et puis, comme il l’avait demandé, personne n’a appelé la police et les services de secours avant plus de trois heures », précise le quotidien. « J’ai pris cette décision moi-même, en pleine possession de mes moyens, sans avoir été influencé par qui que ce soit », assurait-il dans une lettre. Le défunt a aussi fait filmer ses derniers instants, pour qu’il n’y ait aucun doute sur les circonstances de sa mort.

Une enquête pour meurtre contre un médecin

En Suède, le décès de Natthiko (son nom monastique signifiant « celui qui grandit en sagesse ») a relancé les discussions autour de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté. Dans son message, publié sur Facebook et Instagram, l’homme encourageait ceux qui souhaitaient lui rendre hommage à s’engager pour changer la loi : « Si vous pensez comme moi que, dans certaines circonstances, il devrait être possible d’avoir l’aide de la société pour une mort digne et sûre, faites-vous entendre. »

Dans le pays nordique, l’euthanasie est interdite. Un docteur qui administre une substance létale à un patient, même à sa demande, peut être condamné pour meurtre. En revanche, le praticien qui prescrit (sans pour autant l’administrer) un médicament dosé pour donner la mort ne sera pas, a priori, inquiété par la justice même s’il risque d’être radié de l’ordre des médecins.

Il vous reste 49.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article « Je me suis endormi tranquillement. Sans crainte ni hésitation » : en Suède, le débat sur le suicide assisté relancé par un moine bouddhiste est apparu en premier sur zimo news.