© Reuters. PHOTO DE FICHIER: Un dirigeant se trouve à côté d’un logo de l’Union européenne lors des préparatifs d’une photo de famille de la 8e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEM à Hambourg le 29 mai 2007. REUTERS / Christian Charisius (ALLEMAGNE)
Par Kate Abnett et Simon Jessop
BRUXELLES (Reuters) – Les partisans affirment qu’il s’agit du règlement sur les investissements verts le plus ambitieux au monde et qu’il pourrait consacrer d’énormes sommes d’argent à la lutte contre le changement climatique.
Les critiques disent qu’il s’agit d’un exercice de « blanchiment vert » qui met en péril les objectifs de l’Union européenne en matière de changement climatique.
Quelle est donc la taxonomie de la finance durable de l’UE ?
QU’EST CE QUE ÇA FAIT?
La taxonomie de l’UE est un système complexe permettant de classer les parties de l’économie qui peuvent être commercialisées en tant qu’investissements durables.
Il comprend une longue liste d’activités économiques, ainsi que des critères environnementaux détaillés que chacune doit respecter pour obtenir un label vert.
Les règles pour la plupart des secteurs sont entrées en vigueur ce mois-ci, couvrant les investissements, y compris les aciéries, les voitures électriques et les rénovations de bâtiments.
Les règles pour le gaz et l’énergie nucléaire, cependant, ont été longtemps retardées au milieu d’un lobbying intense de la part de gouvernements qui ne sont pas d’accord sur la question de savoir si les carburants aident à lutter contre le changement climatique.
La Commission européenne a proposé mercredi une étiquette verte pour certains investissements dans le gaz et le nucléaire. Il s’appliquerait à partir de 2023, à moins qu’une majorité du Parlement européen, ou 20 des 27 pays de l’UE, n’y oppose son veto.
C’EST POUR QUOI?
La taxonomie n’interdit pas les investissements dans des activités non étiquetées « vertes », mais elle limite celles que les entreprises et les investisseurs peuvent revendiquer comme respectueuses du climat.
L’objectif de l’UE d’éliminer ses émissions nettes d’ici 2050 nécessitera d’énormes investissements, dont une grande partie de financement privé. La taxonomie vise à rendre les activités véritablement vertes plus visibles et attrayantes pour les investisseurs.
Avec une myriade de produits d’investissement « écologiques » déjà sur le marché, les règles visent à éradiquer le greenwashing, où les organisations exagèrent leurs références environnementales.
À QUI S’APPLIQUE-T-IL ?
Les fournisseurs de produits financiers – y compris les prestataires de retraite – dans l’UE doivent divulguer les investissements conformes aux critères climatiques de la taxonomie. Pour chaque investissement, fonds ou portefeuille, ils doivent divulguer quelle part des investissements sous-jacents est conforme aux règles.
Les grandes entreprises et les sociétés cotées doivent également divulguer la part de leur chiffre d’affaires et de leurs dépenses en capital qui est conforme.
Cela signifie que les entreprises polluantes peuvent être reconnues pour leurs investissements verts. Par exemple, si une compagnie pétrolière investissait dans un parc éolien, elle pourrait étiqueter cette dépense comme verte.
QU’EST-CE QU’UN INVESTISSEMENT « VERT » ?
Les règles classent trois types d’investissements verts.
Premièrement, ceux qui contribuent de manière substantielle aux objectifs verts – par exemple, les parcs éoliens.
Deuxièmement, ceux qui permettent d’autres activités vertes – par exemple, des installations qui peuvent stocker de l’électricité ou de l’hydrogène pour une utilisation ultérieure.
Troisièmement, les activités de transition qui ne peuvent pas encore être rendues entièrement durables, mais dont les émissions sont inférieures à la moyenne de l’industrie et qui ne bloquent pas les actifs polluants ou n’évincent pas les alternatives plus vertes. Un exemple de cela serait une cimenterie dont les émissions sont inférieures à 0,72 tonne d’équivalent CO2 par tonne de clinker gris produit.
Les centrales à gaz et nucléaires sont classées comme activités transitoires.
POURQUOI CELA A-T-IL PRIS SI LONGTEMPS ?
Les règles de taxonomie ont fait face à plus d’un an de lobbying intense de la part des gouvernements et des industries de l’UE.
Les décideurs politiques de l’UE espéraient achever les règles climatiques en 2020. Au final, l’UE a publié un premier ensemble de règles en avril 2021 pour des secteurs tels que les transports et les bâtiments, et a reporté les critères du gaz et du nucléaire jusqu’à maintenant.
Les critères sont basés sur les recommandations de conseillers experts, conçus pour se conformer aux objectifs scientifiques de lutte contre le changement climatique. Mais certains conseillers affirment que les critères scientifiques ont été mis de côté dans la lutte politique de l’UE sur les règles et que leurs recommandations ont été ignorées.
Le gaz et le nucléaire sont particulièrement sensibles. La proposition initiale de la Commission pour les carburants, publiée en novembre 2020, excluait les usines à gaz à moins qu’elles n’utilisent une technologie de capture des émissions.
Cela a fait face à une réaction de la part de pays comme la Pologne et la Bulgarie, qui affirment que des investissements dans le gaz sont nécessaires pour arrêter le charbon plus polluant. D’autres, comme le Danemark et le Luxembourg, disent qu’il n’est pas crédible d’étiqueter le gaz, un combustible fossile, comme vert.
Les règles finales classent les centrales à gaz comme des investissements durables, si elles répondent à des critères comprenant une limite d’émissions de CO2.
EST-CE QUE C’EST ÇA?
Non. La taxonomie n’est pas terminée.
Pour être considérée comme verte, une activité doit contribuer substantiellement à l’un des six objectifs environnementaux et ne pas nuire aux cinq autres. Les règles publiées jusqu’à présent couvrent deux objectifs : lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses impacts. Les critères pour les autres suivront cette année.
L’UE a également reporté à plus tard cette année une décision controversée sur l’opportunité d’étiqueter l’agriculture, y compris potentiellement l’agriculture intensive, comme respectueuse du climat.
Bruxelles envisage également d’étendre le système. Une option est une liste d’activités polluantes, pour forcer les fournisseurs de produits financiers à signaler les investissements « non durables ».
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