France World

Burkina Faso : de l’euphorie de 2015 à la chute d’un président ébranlé par la crise djihadiste

Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du Monde Afrique depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du « Monde Afrique ».

L’ex-président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré (à gauche), accueille le chef de l’Etat nigérien Mohamed Bazoum à son arrivée à l’aéroport de Ouagadougou, le 17 octobre 2021. ISSOUF SANOGO / AFP

Il avait disparu au point d’alimenter les spéculations les plus folles. A Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, certains le disaient « blessé », « exilé » ou imaginaient même « le pire ». Lundi 31 janvier au soir, des premières images de Roch Marc Christian Kaboré ont enfin filtré, alors qu’une mission conjointe de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et des Nations unies rendait visite au président renversé par un coup d’Etat huit jours plus tôt et placé en résidence surveillée dans une villa de la capitale.

Devant la caméra de la junte, M. Kaboré est apparu, comme à son habitude, stoïque dans son long boubou, esquissant même un sourire en saluant les diplomates. « Il se porte bien physiquement, il reçoit sa famille et son médecin, mais il n’est pas libre », rapporte l’un des émissaires.

Dimanche 23 janvier, quand les premiers coups de feu ont éclaté dans plusieurs casernes de la capitale, son entourage a d’abord voulu croire à une « simple mutinerie ». « Sortons, sortons nombreux ! », ordonne alors son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à ses militants, dans un ultime appel à la résistance. Mais dans les rues de Ouagadougou, plusieurs centaines de personnes se rassemblent déjà pour soutenir les putschistes encagoulés et armés de kalachnikovs. Le siège de campagne du MPP est incendié.

« On gardait espoir de pouvoir répondre à des revendications d’ordres matérielles, mais les mutins exigeaient son départ », raconte un proche du président déchu. Lundi 24 janvier, M. Kaboré signe sa lettre de démission, malgré l’instance du président ivoirien Alassane Ouattara qui tente au téléphone de l’en dissuader et lui propose « de mobiliser les chefs d’Etat » de la Cédéao.

« Facilité » avec laquelle il a été renversé

Roch Marc Christian Kaboré était-il déjà résigné ? Plusieurs observateurs s’étonnent en tout cas de la « facilité » avec laquelle il a été renversé. Selon une source diplomatique, même son homologue et camarade Mohamed Bazoum, le président du Niger, a été « ahuri par la légèreté avec laquelle RK s’est dessaisi du pouvoir ».

« Il voulait surtout éviter un bain de sang entre loyalistes et putschistes », répond Clément Sawadogo, le premier vice-président du MPP, qui rapporte que l’ancien dirigeant profite de sa retraite forcée pour « se reposer » et « suivre les matchs » de la Coupe d’Afrique des nations. Ces derniers mois, face à l’aggravation des attaques terroristes, désormais quasi quotidiennes dans le pays, l’ancien président burkinabé semblait de plus en plus fatigué et amaigri, jusqu’à inquiéter son entourage.

Il vous reste 64.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Burkina Faso : de l’euphorie de 2015 à la chute d’un président ébranlé par la crise djihadiste est apparu en premier sur zimo news.