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Pourquoi la Banque centrale européenne ne peut pas agir face à l’inflation

Christine Lagarde, à Francfort (Allemagne), le 28 octobre 2021. KAI PFAFFENBACH / REUTERS

Analyse. Bild l’a affublée d’un surnom, en français dans le texte : « Madame Inflation. » Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), est dans la ligne de mire du tabloïd allemand. L’inflation en Allemagne a atteint 5,7 % en décembre (5 % dans la zone euro, 3,4 % en France), et l’institution est en proie aux critiques outre-Rhin, accusée de laisser les taux d’intérêt trop bas et de ne rien faire pour contrer la hausse des prix.

La BCE est la plus conciliante des grandes banques centrales. Partout ailleurs, les taux d’intérêt ont commencé à augmenter. En décembre, la Banque d’Angleterre a fait passer son taux directeur de 0,1 % à 0,25 %. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) n’a laissé aucun doute lors de sa réunion du mercredi 26 janvier : sa première hausse de taux va avoir lieu en mars.

Apportant la seule note discordante, Mme Lagarde a prévenu en décembre qu’une hausse de son taux directeur serait « très improbable » en 2022. L’institution de Francfort se contente de graduellement réduire son intervention sur les marchés (de 80 milliards d’euros par mois à 20 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année). Son taux directeur demeure, en revanche, à un niveau historiquement bas, à – 0,5 %. En tenant compte de l’inflation, cela signifie que le taux réel est proche de – 6 %, à son plus bas depuis les années 1950. La prochaine réunion du conseil des gouverneurs, jeudi 3 février, ne devrait rien y changer : la BCE attend de voir.

Elle a cependant trois solides arguments pour agir différemment du reste de ses congénères : l’inflation en zone euro demeure plus limitée que dans le reste du monde occidental ; il reste de bonnes raisons de penser que le phénomène va en partie se résorber ; la BCE, surtout, n’est pas une banque centrale comme les autres, devant maintenir l’unité d’une monnaie unique encore très disparate.

Une théorie en débat

Le premier argument est donc que la conjoncture économique est très différente : l’inflation en zone euro est de 5 %, contre 7 % outre-Atlantique. L’actuel niveau européen avait été atteint par les Etats-Unis… en mai 2021, quand personne ou presque ne parlait d’une hausse des taux. Les ménages américains ont bénéficié d’un plan de relance massif au printemps 2021, bien plus important que ce que les Européens ont connu.

Le deuxième argument est plus controversé. Il tient en un mot, que Jerome Powell, le président de la Fed, a désormais décidé de ne plus utiliser : le phénomène actuel est « temporaire ».

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