Aux cris de « Liberté ! » et « Nous avons faim ! », des milliers de Cubains avaient manifesté le 11 juillet 2021. Ces rassemblements, inédits depuis la révolution de 1959, avaient fait un mort et des dizaines de blessés, et 1 377 personnes avaient été arrêtées, selon l’ONG Cubalex. Le gouvernement cubain affirme que ces manifestations étaient orchestrées depuis les Etats-Unis.
Au moins 33 manifestants seront jugés cette semaine pour « sédition » devant un tribunal de La Havane a annoncé le groupe Justicia 11J, lundi 31 janvier. D’ici au 7 février sera organisé « le procès des manifestants du Toyo. Trente-trois personnes seront jugées pour le délit de sédition, dont six mineurs », a tweeté le groupe, qui assure un suivi de toutes les affaires liées aux mobilisations de juillet.
ACTUALIZACIÓN SOBRE EJECUCIÓN DE JUICIOS: Entre el 31 de enero y el 7 de febrero tendrá lugar, en el Tribunal Provi… https://t.co/kHtsFOeCV9
— justicia11j (@@Justicia11J Detenciones por motivos políticos)
Toyo est le nom d’une boulangerie du quartier du Diez de Octubre, devant laquelle des échauffourées avaient eu lieu le 11 juillet entre partisans et opposants du gouvernement. Des véhicules avaient été endommagés et la chaussée recouverte de pierres et de bouteilles.
Selon l’ONG de défense des droits humains Cubalex, pendant que se tenait la première audience, lundi, des femmes ont été arrêtées près du tribunal « avec violence : mères, tantes, sœurs, grands-mères » des manifestants jugés. Plusieurs militants ont également été interpellés et les communications Internet ont été coupées « dans les environs du tribunal », situé dans le quartier du Diez de Octubre, a détaillé l’ONG sur Twitter.
Série de condamnations
Ces derniers jours, la justice cubaine a reconnu pour la première fois que plus de 700 manifestants étaient poursuivis – dont 55 âgés de 15 à 18 ans – et que 172 autres avaient déjà été condamnés, en assurant que « le droit à la défense a[vait] été garanti et les avocats [avaie]nt apporté des preuves ». Selon Cubalex, 158 d’entre eux ont été inculpés de sédition. Certains ont été condamnés à vingt ou trente ans de prison. A Cuba, la majorité s’acquiert à 18 ans, mais la responsabilité pénale et l’obligation du service militaire s’appliquent dès 16 ans.
La télévision cubaine a diffusé vendredi les témoignages de trois proches des manifestants poursuivis. « Moi, en tant que mère, je demande pardon pour son erreur, [mon fils] l’a dit publiquement et m’a dit aussi à moi de l’excuser, et je demande pardon au pays et à tous les médias, c’est quelque chose qu’il a commis sans savoir dans quoi il s’impliquait », a notamment témoigné, la voix brisée par l’émotion, Eudanis Campos Ramirez, selon les images diffusées au journal télévisé.
Le Conseil pour la transition démocratique à Cuba, plate-forme d’opposition, a réclamé lundi que le Parlement européen décerne le prix Sakharov de la liberté de pensée à José Daniel Ferrer, leader de l’Union patriotique de Cuba (Unpacu, parti d’opposition), l’artiste performeur Luis Manuel Otero Alcantara et l’opposant Félix Navarro ont été arrêtés entre les 11 et 12 juillet, alors qu’ils essayaient de se joindre aux manifestations. Leur attribuer ce prix « serait un message fort en ces temps d’incertitudes démocratiques », estime le Conseil pour la transition démocratique.
Vendredi, Brian Nichols, le secrétaire d’Etat adjoint chargé des Amériques, a tweeté que le gouvernement des Etats-Unis « s’inquiète de la santé de Luis Manuel Otero Alcantara, détenu depuis le 11 juillet pour son art et son activisme ».
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