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Le Mali pousse la France vers la sortie

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Des manifestants protestent à Bamako contre les sanctions imposées au Mali et à la junte par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 14 janvier 2022. FLORENT VERGNES / AFP

Invective après invective, le Mali et la France semblent inéluctablement se diriger vers la rupture. Lundi 31 janvier, la junte au pouvoir à Bamako a « invité » l’ambassadeur de France, Joël Meyer, « à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures », selon un communiqué lu à la télévision d’Etat. Une mesure qui, selon les autorités maliennes, « fait suite aux propos hostiles et outrageux » tenus par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, le 27 janvier.

Alors que Bamako venait de sommer le Danemark de retirer ses troupes déployées au sein de la force européenne « Takuba » (placée sous commandement français), ce dernier avait dénoncé sur la radio RTL des « mesures irresponsables » prises par une junte « illégitime », fustigeant au passage « la confiscation inacceptable » du pouvoir par les militaires, ainsi que leur recours aux mercenaires du groupe russe Wagner.

Fin 2021, les autorités maliennes issues d’un double putsch ont exprimé leur volonté de se maintenir cinq années supplémentaires, puis quatre, bravant leur promesse initiale d’organiser des élections fin février 2022. Une position jugée « inacceptable » par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao), qui a placé le Mali sous blocus territorial, économique et financier, le 9 janvier.

« Besoin d’un dérivatif »

Depuis, les relations entre Bamako et la France, accusée d’être l’instigatrice de ces sanctions, n’ont cessé de se tendre. Demande de révision de l’accord-cadre de défense avec la France fin 2021, de retrait des forces danoises de « Takuba », restriction des conditions de survol d’avions militaires internationaux en janvier 2022… Les autorités de transition multiplient les actes « de souveraineté », abattant ainsi minutieusement les cartes d’un jeu destiné à souder derrière elles un peuple malien jugé de plus en plus braqué contre l’Occident et la France.

Après avoir publiquement tancé Paris pour son ingérence dans les affaires du pays, la junte est donc passée du verbe au geste, le 31 janvier, en décidant de renvoyer l’ambassadeur de France. « J’ai pris note de sa décision », a déclaré au Monde Joël Meyer, regrettant que, malgré « la disponibilité de Paris depuis le coup d’Etat » d’août 2020, il n’y ait pas eu « de volonté manifeste de la part des autorités maliennes de discuter des questions de fond relevant de la relation bilatérale avec la France, tant sur le plan sécuritaire que politique ».

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