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La marée noire au Pérou « a couvert tout l’écosystème et a entraîné des pertes irréparables »

Par Amanda Chaparro

Publié hier à 11h26, mis à jour à 02h05

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ReportagePlus de quarante kilomètres de côtes au nord de Lima sont touchées par la nappe de pétrole qui continue de s’étendre.

La chaleur accablante de l’été austral et les effluves de gaz qui s’échappent des hydrocarbures stagnants rendent le travail pénible. Tout au long des plages du littoral de la côte centrale péruvienne, au nord de Lima, une armée de plus d’un millier de travailleurs est à pied d’œuvre pour tenter de récupérer les restes du pétrole échappé du tanker Mare-Doricum, battant pavillon italien.

Les employés d’une entreprise financée par Repsol nettoient la plage d’Ancon. Aucun d’eux n’a d’expérience en matière de gestion de catastrophes environnementales. Le carburant est récupéré avec des pelles, des balayettes et des seaux. Au nord de Lima, au Pérou, le 27 janvier 2022 FLORENCE GOUPIL POUR « LE MONDE »

L’accident, survenu le 15 janvier lors d’une opération de déchargement de brut à la raffinerie La Pampilla, propriété du groupe espagnol Repsol, a entraîné une marée noire sans précédent dans le pays, souillant plus de quarante kilomètres de côtes, vingt et une plages, et deux réserves naturelles protégées.

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Vêtus de combinaisons blanches et munis de simples masques chirurgicaux, les employés de divers sous-traitants du groupe déblaient les galets et le sable recouverts de pétrole, nettoient les rochers, extraient les algues contaminées à l’aide de brouettes et de seaux. Aucun n’accepte de s’exprimer, Repsol ayant interdit tout commentaire.

Les moyens déployés pour nettoyer une nappe de pétrole qui a recouvert plus de 180 hectares de plage ainsi que 713 hectares de zone maritime paraissent dérisoires. Pourtant, sur la plage Las Positas, dans la baie d’Ancon, le superviseur des opérations du secteur veut croire en son efficacité. « Cela avance bien, si on continue ainsi, cela ne durera pas plus d’un mois », commente Angelo Ballon.

« Irresponsabilité et mensonge »

Seulement un tiers du pétrole a été récupéré jusqu’à présent. Le reste se dilue doucement, s’accroche aux rochers et tombe au fond de l’océan. Le brut collecté, lui, est massé dans d’énormes cuves qui trônent sur la plage. Vendredi 28 janvier, le gouvernement péruvien a revu à la hausse son estimation de la quantité de pétrole déversée : de 6 000 barils à 12 000 barils, soit environ 1 700 tonnes.

Le pétrole brut sur la plage d’Ancon, au nord de Lima, au Pérou, le 27 janvier 2022. FLORENCE GOUPIL POUR « LE MONDE »

« A J + 15, on retire encore 2 000 gallons [environ 7 400 litres ] tous les jours, simplement sur ce petit bout de plage », explique le biologiste Deyvis Huaman, du Service national des aires naturelles protégées par l’Etat (Sernanp), devant des Skimmers, ces machines à aspiration qui séparent les hydrocarbures de l’eau. « Toute la baie est affectée, se désole-t-il. La nappe de pétrole a couvert tout l’écosystème et a entraîné des pertes irréparables. A cet endroit, il y avait une grande diversité de faune et de flore, qui a pratiquement disparu. »

L’accident, selon l’entreprise, est dû à une forte houle occasionnée par l’éruption volcanique aux îles Tonga, à 10 000 kilomètres de là. Quelques heures après l’accident, le 15 janvier, Repsol annonçait une fuite de seulement 0,16 baril. Puis, le lendemain, le groupe assurait que la « fuite limitée » avait été « rapidement contenue ».

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