France World

Entre la Russie et l’Ukraine, l’exercice d’équilibrisme du président turc Erdogan

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, écoute le président russe, Vladimir Poutine, à Sotchi, en Russie, le 29 septembre 2021. VLADIMIR SMIRNOV / AP

Soutenir l’Ukraine sans irriter la Russie, tel est l’exercice d’équilibre auquel est astreint le président turc, Recep Tayyip Erdogan, attendu à Kiev jeudi 3 février. Sa visite est un signal politique fort destiné à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, au moment où la tension est à son comble entre Kiev et Moscou, avec la présence d’un important dispositif militaire russe le long de la frontière avec l’Ukraine et en Biélorussie.

La partie s’annonce serrée pour M. Erdogan, qui se targue d’entretenir des relations privilégiées avec les deux parties, au point d’avoir proposé sa médiation pour régler le conflit. « En réunissant les deux dirigeants [ l’Ukrainien Zelensky et le Russe Vladimir Poutine] dans notre pays s’ils le souhaitent, nous pouvons ouvrir la voie au rétablissement de la paix », a-t-il déclaré le 26 janvier, estimant qu’une invasion russe de l’Ukraine serait une « démarche irrationnelle de la part de la Russie ».

Son offre de médiation a d’emblée été écartée par le Kremlin, prompt à accuser la Turquie de nourrir « le sentiment militariste » en Ukraine. En cause, la livraison de drones turcs armés Bayraktar TB2 à l’armée ukrainienne, qui les a utilisés en octobre 2021 pour frapper un obusier russe actionné par les séparatistes du Donbass soutenus par le Kremlin.

Aux yeux des experts militaires ukrainiens, la possibilité de reproduire au Donbass l’association gagnante des drones turcs et de l’expertise militaire d’Ankara, comme l’a fait l’Azerbaïdjan au moment du conflit de l’automne 2020 pour la reconquête du Haut-Karabakh, est une tentation réelle.

Une relation russo-turque légèrement refroidie

La frappe d’octobre était « une provocation », a insisté M. Poutine lors d’une conversation téléphonique décrite comme animée avec M. Erdogan le 3 décembre. Depuis cet épisode, les relations entre les deux présidents se sont légèrement refroidies. M. Poutine vient ainsi de décliner l’invitation de son homologue à se rendre en Turquie, renvoyant la visite à plus tard, « lorsque la situation épidémiologique et les agendas le permettront ».

Malgré les mises en garde russes, le soutien d’Ankara au gouvernement pro-occidental de Kiev ne faiblit pas, au contraire. La Turquie n’est pas prête à renoncer à ses accords de défense avec Kiev et il est encore plus improbable qu’elle reconnaisse l’annexion par Moscou de la péninsule de Crimée, la terre originelle des Tatars turcophones, placée jadis sous la protection de l’Empire ottoman. L’annexion n’a jamais été reconnue par Ankara, malgré l’insistance russe. Et, pour ne rien arranger, la Turquie continue de soutenir la volonté d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN.

Il vous reste 68.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Entre la Russie et l’Ukraine, l’exercice d’équilibrisme du président turc Erdogan est apparu en premier sur zimo news.