Christie Morreale, la ministre wallonne de la santé, a livré, mardi 1er février, devant une commission du Parlement régional, les premiers résultats d’une enquête publique visant des établissements d’Orpea. L’Agence pour une vie de qualité a effectué ces derniers jours des visites « inopinées » dans 12 des 18 maisons de repos et de soins gérés par le groupe français. Deux ont reçu un avis « mitigé » et leur situation sera analysée plus en profondeur. Un troisième établissement serait dans une situation « très préoccupante », a indiqué la ministre socialiste. Six autres lieux doivent encore faire l’objet d’une inspection.
Mme Morreale entend, par ailleurs, faire revérifier des plaintes qui ont visé Orpea depuis 2018 et qui concernaient dix établissements. Deux de ces plaintes sur treize ont été jugées « fondées », sept « partiellement fondées » et une a été abandonnée. Les griefs des plaignants, dont 16 sont en cours d’examen, concernaient la compétence des personnels, l’alimentation, les droits des patients, le suivi médical, la facturation, etc. Trois autres dossiers ont été ouverts après des plaintes déposées récemment, après la parution du livre Les Fossoyeurs, de Victor Castanet (Fayard, 400 pages, 22,9 euros).
En Belgique, les révélations du journaliste ont fait grand bruit. Le numéro un mondial des Ehpad emploie au total 4 200 personnes et gère 6 200 places d’accueil, dont 4 210 en Wallonie. Confrontée au contenu du livre, Mme Morreale avait évoqué des « faits intolérables » rendant obligatoire une enquête sur la situation d’Orpea dans la région, mais plus généralement sur l’ensemble d’un secteur qui regroupe au total 600 maisons de retraite bénéficiant de 260 millions d’euros de subventions. Le secteur privé ne reçoit pas d’aides directes, mais les pensionnaires voient une partie de leurs frais pris en charge par les pouvoirs publics.
Nombreux témoignages
Pour les syndicats, les enquêtes et les révélations récentes ne font que confirmer des témoignages reçus quotidiennement. Dans un communiqué paru il y a quelques jours, la Centrale nationale des employés évoquait « la dérive de la commercialisation » et « une logique financière implacable, parce que délocalisée et toute puissante ». Les organisations belges insistent désormais sur la nécessité d’un retour à une gestion publique et, au niveau européen, de la prise en charge des aînées dépendants dans des services publics protégés des lois du marché.
A ce stade, le gouvernement de Wallonie n’a pas encore eu de contact avec la direction belge d’Orpea. Il entend la rencontrer, en compagnie des syndicats, après la conclusion de ses investigations. Geert Uytterschaut, le directeur exécutif de la société, a publié il y a quelques jours un communiqué indiquant que sa société était « fière du travail fourni » par ses équipes, attentives aux valeurs d’« humanité, humilité, professionnalisme et loyauté ». Il invoquait la pénurie de personnels capables d’assumer des fonctions essentielles pour justifier le fait que « les réponses ne correspondent pas à toutes les attentes ».
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