Un « apartheid » donc, encore une fois. Amnesty international a rejoint, mardi 1er février, plusieurs organisations de défense des droits humains qui cherchent, depuis 2020, à renouveler la lecture du conflit israélo-palestinien dans les opinions internationales. Dans une longue analyse juridique, fruit de quatre ans d’enquête, elle dénonce un « système d’apartheid » dans la domination des Palestiniens par Israël.
Elle fait suite aux prises de position de deux ONG israéliennes, Yesh Din puis B’Tselem, et de Human Rights Watch. Amnesty adopte une position maximaliste : comme B’Tselem, l’organisation passe outre la distinction entre l’Etat israélien né en 1948 et le régime d’occupation militaire « temporaire », en vigueur dans les territoires palestiniens depuis leur conquête, en 1967. Elle conclut qu’un même système a sédimenté au fil du temps, entre le Jourdain et la Méditerranée.
Chacune à leur manière, ces ONG interrogent l’évolution des principes fondateurs de l’Etat « juif et démocratique », sa réticence à tracer ses frontières et la place qu’il accorde à la minorité arabe (20 % de la population nationale). Elles examinent les sources communes de l’occupation en vigueur derrière le mur dit « de séparation » et des discriminations perpétrées dans les villages arabes de Galilée et du Néguev. En cela, ces organisations cherchent un écho dans les opinions occidentales, notamment aux Etats-Unis, où une partie de la gauche lit la situation palestinienne à l’aune de l’histoire de la lutte pour les droits civiques des Noirs.
Lutte d’Israël contre le terme d’apartheid
Amnesty, comme les autres, se garde cependant de s’étendre sur de telles comparaisons historiques pour camper sur le plan du droit international. Le terme d’apartheid désigne le régime de ségrégation raciale mis en place par l’Etat sud-africain entre 1948 et 1991. Plus largement, le statut de Rome, instituant la Cour pénale internationale (CPI) en 2002, en fait un crime générique contre l’humanité.
L’ONG appelle donc la CPI à se saisir de ces accusations, alors que l’institution a ouvert une enquête, en mars 2021, sur les crimes commis, depuis juin 2014, dans les territoires palestiniens occupés. Israël considère cette procédure comme une menace de première importance. Lundi, l’Etat a réagi dès avant la publication du rapport d’Amnesty, en dénonçant des conclusions « fausses, biaisées et antisémites ».
Le ministre des affaires étrangères, le centriste Yaïr Lapid, a indiqué ces derniers mois qu’il entendait lutter contre l’irruption du terme d’apartheid dans un organe des Nations unies en 2022, sous la pression de ces ONG. Qualifiant Amnesty d’organisation « radicale », il rappelait qu’« Israël n’est pas parfait, mais c’est une démocratie attachée au droit international, ouverte à la critique ». « Je n’aime pas dire que, si Israël n’était pas un Etat juif, personne chez Amnesty n’oserait s’en prendre à lui, mais je ne vois pas d’autre explication », ajoutait-il.
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