Le premier ministre socialiste Antonio Costa a nettement remporté les élections législatives au Portugal, dimanche 30 janvier, un scrutin marqué par une percée de l’extrême droite et qui n’écarte pas totalement le spectre de l’instabilité politique.
Car M. Costa – lâché en octobre par ses anciens alliés de la gauche radicale, ce qui a provoqué la convocation de ces élections –, ne semble pas être parvenu à conquérir la majorité absolue au Parlement, comme lors des dernières législatives de 2019. L’ancien maire de Lisbonne, âgé de 60 ans et au pouvoir depuis 2015, n’aura donc pas d’autre choix que de continuer à gouverner en minorité en cherchant des soutiens au Parlement.
Selon les projections publiées à la sortie des urnes par trois télévisions nationales, le Parti socialiste (PS) est arrivé en tête avec 37 à 42,5 % des voix et de 100 à 118 députés sur un total de 230. Il pourrait donc améliorer son score de 2019 (36,3 % et 108 élus). Les résultats officiels seront connus plus tard ans la soirée.
« Il y a clairement une victoire et un renforcement du Parti socialiste (…). Cela signifie que les Portugais souhaitent que le PS gouverne et veulent de la tranquillité dans leurs vies », a déclaré M. Costa à la télévision publique RTP. Globalement, le Parlement semble parti pour rester à gauche, le Bloc de Gauche totalisant trois à dix sièges et la coalition communistes/verts entre trois et huit.
« Les gens ont compris notre message », selon l’extrême droite
Alors qu’il espérait pouvoir créer la surprise, le principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (PSD, droite) de Rui Rio, arrive en deuxième position avec 27 à 35 % des voix, et 75 à 95 élus.
Ce scrutin a aussi été marqué par une percée du parti d’extrême droite Chega (Assez), qui avec six à quatorze élus et jusqu’à 8,5 % des voix, pourrait être propulsé au rang de troisième force du pays, alors qu’il ne comptait qu’un seul député dans le Parlement sortant.
Le Portugal avait longtemps fait exception en Europe car depuis la fin de la dictature en 1974 et jusqu’au dernier scrutin de 2019, ce pays de 10 millions d’habitants ne comptait pas de parti d’extrême droite représenté au Parlement. « Les gens ont compris notre message », s’est réjoui le numéro un de Chega, André Ventura, qui a jugé « mauvais pour le pays qu’Antonio Costa continue d’être premier ministre ».
Des négociations possibles avec son rival pour adopter le budget
Arrivé au pouvoir il y a sept ans grâce à une alliance historique forgée avec la gauche radicale (Bloc de gauche et communistes), Antonio Costa ne cesse de se targuer d’avoir « tourné la page de l’austérité » budgétaire mise en œuvre par la droite, sous la surveillance de la « Troïka » (Banque centrale européenne-Fonds monétaire international-Union européenne), en pleine crise de la dette.
Mais, alors que son gouvernement minoritaire comptait aussi « tourner la page de la pandémie » grâce à une couverture vaccinale record et au plan européen de relance post-Covid-19, il a été stoppé dans son élan par ses anciens alliés, qui ont rejeté son projet de budget pour 2022 et ainsi provoqué la convocation de ce scrutin anticipé.
Le scénario d’une nouvelle union de la gauche, aussi large que celle de 2015, semble peu probable dans la mesure où M. Costa avait fustigé l’« irresponsabilité » de ses ex-partenaires de provoquer une crise politique alors que le Portugal doit mettre en œuvre son plan d’investissement de 16 milliards d’euros financé par l’Union européenne.
Avant sa victoire, M. Costa avait donc confié qu’il préférait continuer à gouverner seul, en négociant le soutien du Parlement avant chaque vote ou en s’associant à des petits partis. Enfin, M. Costa pourrait également se tourner vers son rival Rui Rio et négocier avec lui l’abstention du PSD lors du vote du budget afin de pouvoir le faire adopter dans les plus brefs délais.
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