Inutile de bouder son plaisir. Une fois n’est pas coutume, la France mène la danse sur le vieux continent avec une croissance de 7% en 2021. Un chiffre historique et inédit depuis 52 ans! De quoi recevoir les honneurs du prestigieux New York Times qui commente: « La France a repris le rôle traditionnel de l’Allemagne en tant que moteur économique de l’Europe après avoir terminé l’année dernière en beauté ». Pan sur le bec de notre voisin germanique qui a connu une hausse décevante de 2,7% de son PIB l’an dernier.
Cette très bonne nouvelle s’ajoute à une autre, tout aussi impressionnante: d’après la Dares, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, ceux qui n’ont pas travaillé dans le mois, a chuté de 5,9% au dernier trimestre 2021. Soit 208.500 inscrits en moins sur un total de 3,3 millions de personnes. Du jamais vu depuis quinze ans! C’est encore plus spectaculaire sur un an: on compte 12,6% de chômeurs de moins, ce qui efface les effets de la crise sanitaire commencée en mars 2020.
Des atouts pour vendre son bilan
De quoi ravir Emmanuel Macron sur le point de se déclarer candidat pour l’élection présidentielle d’avril prochain. Et ses proches de pousser des cocoricos: « C’est un rebond spectaculaire de l’économie française », s’est félicité le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur France 2. « Cela prouve que la politique du gouvernement est efficace », a-t-il souligné. Une aubaine pour le président sortant qui va pouvoir vendre son bilan et ses multiples réformes économiques: ordonnances sur le Code du travail, apprentissage, instauration d’une flat tax, baisse des impôts de production… Ainsi que l’efficacité de son « Quoi qu’il en coûte » qui a sauvé du gouffre des pans entiers de l’économie au plus fort de la crise sanitaire.
Macron peut-il surfer sur ces bons résultats?
Le match est-il plié pour la présidentielle d’avril prochain? Non, pour Jean-Daniel Levy, directeur délégué Harris Interactive France: « Les bonnes nouvelles économiques mettent entre 6 à 9 mois à porter leurs fruits dans l’opinion, explique-t-il. En revanche, une phrase malheureuse, elle, a un mauvais impact immédiat. » L’actualité récente illustre bien cela: à cause de « son envie d’emmerder les non-vaccinés », Emmanuel Macron a suscité un bad buzz qui a effrité sa cote de popularité.
De plus, les Français reconnaissent rarement au président sortant les bonnes performances économiques du pays. L’exemple le plus emblématique est celui de Lionel Jospin, Premier ministre socialiste lors de la cohabitation sous Jacques Chirac entre 1997 et 2002. Grâce au boom des nouvelles technologies qui a dopé la croissance mondiale, la France a performé pendant son passage à Matignon: le produit intérieur brut a crû de 3,6% en 1998, 3,4% en 1999 et même de 3,9% en 2000. Hélas pour lui, il n’a pas su surfer sur cette vague pour briguer l’Elysée. Il a été éliminé au premier tour!
Le pouvoir d’achat, gros caillou dans la chaussure
Un autre facteur peut perturber la réélection d’Emmanuel Macron: l’inflation qui grignote le pouvoir d’achat des Français. En effet, les consommateurs verront leurs factures s’alourdir cette année. Car si l’inquiétude s’est focalisée en 2021 sur les prix de l’énergie, avec une envolée de près de 19% sur un an, c’est désormais le passage à la caisse du supermarché qui pourrait s’avérer douloureux. « Les ménages vont peut-être devoir faire des arbitrages entre les achats alimentaires et les dépenses de loisirs, par exemple », poursuit Denis Ferrand, directeur général de l’institut d’études économiques COE-Rexecode. Une ombre au tableau pour l’exécutif: « Contrairement à un bon chiffre de croissance, par essence abstrait et difficile à percevoir, tout le monde peut vérifier les effets de l’inflation dans son quotidien », décrypte Jean-Daniel Lévy.
Une « fanbase » solide
Pour autant, il n’y a pas péril en la demeure car le président sortant a une « fanbase » solide. D’après les différentes enquêtes, dont notre sondage hebdomadaire, réalisé par Harris Interactive, entre 24% et 26% des électeurs sont prêts à offrir un nouveau mandat à Emmanuel Macron. Un score stable depuis des mois… Ce qui à « l’instant T » lui assure de passer sans encombre le couperet du premier tour le 10 avril prochain.
D’autant que l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande peut compter sur la dispersion de la gauche avec ses six candidats, ce qui témoigne d’une absence de leader charismatique pouvant unifier son camp et le titiller… Quant à la droite de Valérie Pécresse, la championne des Républicains, elle, peine à convaincre et est toujours reléguée derrière Marine Le Pen dans les intentions de vote. Donc pas en passe de se qualifier pour le second tour. A chaque présidentielle, sa surprise dit-on. Le cru 2022 pourrait en réserver une bien bonne: il n’y en aura peut-être pas avec un match retour Macron-Le Pen…
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