La colline parlementaire d’Ottawa, au sommet de laquelle trône l’imposant édifice néogothique abritant la Chambre des communes, a été, samedi 29 janvier, le théâtre d’une importante démonstration de force de la part de tout ce que le pays compte d’antivaccins et d’opposants aux mesures sanitaires prises depuis le début de la crise sanitaire.
Plusieurs milliers de camionneurs avaient choisi de converger vers la capitale canadienne pour dénoncer l’obligation vaccinale imposée par Ottawa depuis le 15 janvier, à tous les transporteurs revenant au Canada après avoir passé la frontière américaine. Une obligation également valable côté américain. Autoproclamé « convoi de la liberté », le cortège le plus important était parti six jours plus tôt de Colombie-Britanique.
Une traversée d’ouest en est longue de 4 300 km et émaillée de rassemblements de soutien. Les mêmes observés sur l’autoroute 50 reliant Montréal à Ottawa. A chaque pont, chaque viaduc, quelques dizaines de citoyens se sont massés pour saluer leur passage. Une sœur en cornette brandissait une pancarte portant l’inscription : « Que Dieu bénisse les camionneurs, Liberté ! » « Vous vous battez pour notre liberté », les félicitait un autre supporteur.
Sous un soleil radieux mais dans un froid polaire de – 30 0Celsius, la foule massée samedi au pied de la colline parlementaire, autour de camions rutilants et vrombissant, a scandé sans relâche ce même slogan de « Liberté ! », entrecoupé d’insultes contre le premier ministre canadien, Justin Trudeau.
Coalition hétéroclite
Sous le slogan « Kim Jong Trudeau », collé à sa crosse de hockey, John, 40 ans, non vacciné venu de Shawinigan (Québec), s’époumone au milieu d’un concert de klaxons. « On n’en peut plus de leurs satanées obligations, qu’ils nous laissent vivre normalement. » Quelques banderoles « Make Canada great again », des drapeaux confédérés américains, emblèmes des suprémacistes blancs, et même une croix gammée flottent au pied du Parlement.
Derrière ce mouvement de protestation, le premier de cette ampleur au Canada depuis le début de la pandémie, se dessine une coalition hétéroclite. Le soutien populaire dont il a bénéficié témoigne du ras-le-bol d’une partie de la population à l’égard des contraintes sanitaires imposées depuis vingt-deux mois. Les réseaux sociaux s’en sont fait largement l’écho, avec des groupes Facebook comme « Convoy to Ottawa 2022 » ou « Freedomconvoy » comptant plusieurs centaines de milliers de membres.
Mais les initiateurs du convoi, regroupés au sein de Canada Unity, appartiennent à la mouvance politique ultraconservatrice du pays. L’un d’eux est le militant albertain Patrick King, cofondateur du mouvement Wexit Canada (devenu le Maverick Party), une organisation politique militant pour l’indépendance des provinces de l’Ouest vis-à-vis du Canada. Un militant d’extrême droite déjà impliqué dans le mouvement Yellow Vest Canada (« gilets jaunes » du Canada). En janvier 2019, il avait organisé des réunions publiques pour dénoncer la taxe carbone canadienne et le pacte mondial pour les migrations des Nations unies, défendant à l’occasion la thèse du « grand remplacement » et du « génocide des Blancs ».
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