Pour dissimuler les poussées de fièvre, il peut être tentant de casser le thermomètre. Après la publication des chiffres annuels de l’inflation, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a limogé le chef de l’agence nationale des statistiques, selon un décret publié samedi.
Le chef de l’Office national des statistiques, Sait Erdal Dincer, a été critiqué après avoir publié début janvier des données qui placent le taux d’inflation annuel à 36,1 %, son plus haut niveau en dix-neuf ans.
Le président Erdogan n’a pas expliqué sa décision de nommer à sa place Erhan Cetinkaya, ancien vice-président du régulateur bancaire turc, au poste de nouveau chef des statistiques de l’Etat.
L’inflation s’est envolée à plus de 36 % sur un an en décembre en Turquie, un record depuis septembre 2002, dû à la dégringolade de la livre turque. L’opposition estime en outre que ce chiffre est sous-estimé. Selon elle, l’augmentation réelle du coût de la vie est au moins deux fois plus élevée. Elle accuse le président d’avoir contribué à l’envolée des prix en obligeant la banque centrale turque à abaisser systématiquement ses taux d’intérêt ces derniers mois.
La livre turque en chute libre
Mais le président Erdogan, en position inconfortable à dix-huit mois de l’élection présidentielle, continue de défendre ses choix.
La hausse des prix à la consommation, plus de sept fois supérieure à l’objectif initial du gouvernement, à 13,58 % sur le seul mois de décembre, s’explique par la chute de près de 45 % de la livre turque face au dollar en un an, malgré des mesures d’urgence annoncées par le chef de l’Etat mi-décembre.
Conscient des dommages causés non seulement à l’économie mais aussi à sa cote de confiance, M. Erdogan avait promis début janvier de « ramener l’inflation à un chiffre le plus vite possible ».
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