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L’attitude de Paris et de Berlin conforte les Polonais dans leur atlantisme

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le Polonais Andrzej Duda lors d’une rencontre à Wisla, en Pologne, le 20 janvier 2022. PRESIDENTIAL PRESS SERVICE /REUTERS

La coïncidence des dates est symbolique. Le jour où le président polonais, Andrzej Duda, convoquait, le vendredi 28 janvier, un conseil de sécurité nationale afin d’évoquer, en concertation avec l’opposition, la crise sécuritaire latente qui menace la région, le premier ministre, Mateusz Morawiecki, se rendait à Madrid pour participer à la réunion des partis souverainistes et d’extrême droite européens en quête d’alliance. Parmi les neuf membres présents, dont Marine Le Pen et le Hongrois Viktor Orban, le chef du gouvernement polonais était le seul représentant d’un Etat explicitement critique face aux intentions du Kremlin.

Si la diplomatie polonaise, isolationniste et subordonnée aux logiques de politique intérieure depuis 2015, peut être mise devant ses innombrables contradictions, la crise sécuritaire ukrainienne, jugée dans les couloirs du ministère de la défense comme « la plus grave depuis la fin de la seconde guerre mondiale », a eu le mérite de remettre à l’ordre du jour deux consensus nationaux-clés. Le premier fut théorisé par l’intellectuel Jerzy Giedroyc (1906-2000) : une Ukraine libre du joug de Moscou est une condition sine qua non de la sécurité et de l’indépendance polonaises à long terme. La crise actuelle est ainsi perçue non pas comme un conflit local en périphérie de l’Europe, mais comme une menace existentielle. A cet égard, le relativisme de certains Etats de l’Europe de l’Ouest, la France et l’Allemagne en tête, exaspère.

Couple franco-allemand fustigé

Le second consensus touche à la nature même du projet européen. Les Polonais n’ont jamais été de grands enthousiastes de l’autonomie stratégique européenne en matière de sécurité et de défense – le grand credo français –, considérant que leur sécurité ne pouvait se passer des garanties américaines. La crise actuelle les a profondément renforcés dans cette conviction. Pour l’essentiel des politiques et analystes, dans ce « grand moment de vérité », l’Europe faillit non seulement dans son devoir d’unité et d’action, mais renvoie une image désastreuse. Et le couple franco-allemand se retrouve, là aussi, au rang des premiers responsables.

« J’observe avec inquiétude la situation en Ukraine et les réactions de nos voisins allemands face à la menace russe, a communiqué, le 25 janvier, le premier ministre, Mateusz Morawiecki. Le refus de l’Allemagne d’accepter la fourniture d’armes de l’Estonie à l’Ukraine, un Etat qui se prépare à se défendre contre un agresseur, est une grande déception. Malheureusement, le scénario noir dont nous avertissons depuis longtemps est en train de se produire : la construction du gazoduc Nord Stream 2, le chantage au gaz de la Russie, les milliards investis par Poutine en Europe lui donnent les outils pour terroriser d’autres pays européens. » Certains commentateurs n’hésitent pas à pointer « l’hypocrisie » de Berlin dans son refus de soutenir militairement l’Ukraine, car l’Allemagne reste un exportateur d’armes de premier plan.

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