Après des mois de rapports houleux, les relations continuent à se dégrader chaque jour entre Paris et les autorités maliennes. Les tensions se sont accentuées avec l’annonce, jeudi 27 janvier, du retrait de la centaine d’hommes que le Danemark venait de déployer sur le terrain afin de renforcer la coalition de forces spéciales européennes « Takuba ». Trois jours plus tôt, Bamako avait fermement contesté les conditions de leur arrivée, dénonçant un renfort organisé « sans son consentement ».
Ce retrait express d’un contingent qui était placé sous le commandement français de l’opération « Barkhane » est inédit. Au-delà de l’aspect symbolique, il vient durement entamer le capital confiance dont la France bénéficiait auprès de ses partenaires européens. Paris était en effet le principal artisan de cette coalition créée en 2020 et qui devait servir de vitrine à la réorganisation de « Barkhane » au Sahel. Cet événement accentue aussi la défiance de la diplomatie et des militaires français à l’égard de la junte malienne, arrivée au pouvoir à la suite de deux coups d’Etat perpétrés en 2020 et en 2021.
« Vu cette situation, vu la rupture du cadre politique et du cadre militaire [au Mali], nous ne pouvons pas rester en l’état, a ainsi déclaré, vendredi 28 janvier, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la radio RTL. Ce n’est pas uniquement une décision française, c’est une décision collective et donc nous avons engagé des discussions avec nos partenaires africains et européens pour savoir comment on peut adapter notre dispositif », a-t-il ajouté, sans toutefois dire s’il envisageait désormais un retrait formel de « Barkhane » du Mali.
« Junte illégitime »
Déjà, jeudi, M. Le Drian s’était emporté, lors d’une conférence de presse. « Cette junte est illégitime, prend des mesures irresponsables (…) et s’isole davantage encore de ses partenaires internationaux », avait-il déclaré, tout en dénonçant « l’obstruction » faite à la mission de la force de l’ONU au Mali (Minusma) et soulignant qu’il faudrait « en tirer des conséquences ».
Les autorités maliennes se sont elles aussi lancées dans l’escalade verbale, ces derniers jours. « Le Mali non plus n’exclut rien par rapport à ces questions si ça ne prend pas en compte nos intérêts », a répondu, vendredi, le ministre malien des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, tout en précisant qu’une demande de départ des forces françaises n’était pas « pour le moment sur la table ». « Nous n’en sommes pas là », a-t-il ajouté.
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