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Ouverture en Grèce du procès des journalistes à l’origine du scandale Novartis

Un kiosque à Athènes, le 16 décembre 2021. ARIS MESSINIS / AFP

« Quelles mesures compte prendre la Commission européenne pour protéger le journalisme d’investigation et la liberté de la presse en Grèce ? », ont demandé, jeudi 27 janvier, au Parlement européen, les députés de Syriza, le principal parti d’opposition grec de gauche. La question fait suite à l’ouverture, à Athènes, du procès de deux journalistes, Kostas Vaxevanis, éditeur de Documento, l’un des hebdomadaires les plus critiques vis-à-vis du gouvernement conservateur, et Gianna Papadakou, qui a travaillé pendant plusieurs années pour la chaîne de télévision Alpha.

Les deux reporters qui ont enquêté sur des scandales de corruption et d’évasion fiscale impliquant de hauts responsables politiques, notamment des anciens ministres de la santé du parti conservateur au pouvoir, sont poursuivis pour « manquement à leur devoir », « participation à une organisation criminelle » et « participation à un complot », des délits passibles de vingt ans de prison.

Kostas Vaxevanis avait, après la victoire de Syriza aux législatives de 2015, révélé le scandale Novartis en Grèce : une dizaine de dirigeants politiques grecs auraient touché des pots-de-vin pour aider le laboratoire suisse à commercialiser des médicaments aux vertus curatives discutables, et à gonfler ses prix. En 2020, Novartis a accepté de payer 347 millions de dollars dans le cadre d’un règlement avec le ministère américain de la justice, reconnaissant avoir effectué des paiements illégaux aux prestataires de soins de santé et aux fonctionnaires grecs, mais sans révéler les personnalités impliquées dans l’affaire.

« Menacés par le crime organisé »

Le parti conservateur actuellement au pouvoir a toujours accusé le précédent gouvernement de gauche d’avoir orchestré ces révélations pour lui nuire, en mettant en cause des figures éminentes de la droite, notamment Adonis Giorgiadis, actuel ministre du développement, ou Dimitris Avramopoulos, ancien commissaire européen. Lundi, l’enquête du parquet anticorruption, ouverte en 2016, a classé l’affaire concernant ces deux hommes politiques.

Gianna Papadakou a enquêté sur l’affaire Novartis mais également sur la liste dite « Lagarde », qui recensait les personnalités grecques ayant placé leur argent en Suisse pendant la crise économique pour éviter de payer des impôts dans leur pays.

« Il est stupéfiant qu’un journaliste risque de passer jusqu’à vingt ans derrière les barreaux en Europe pour avoir fait son travail », s’alarme Pavol Szalai, responsable du bureau Union européenne/Balkans pour Reporters sans frontières (RSF). « Les journalistes, en Grèce, sont actuellement menacés par le crime organisé et par des mesures liberticides. En Europe, la Grèce se trouve à la 24e place sur 27 Etats membres dans le classement sur la liberté de la presse réalisé par RSF », ajoute-t-il.

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