Pour l’Union européenne (UE), cela a valeur de test grandeur nature. En saisissant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Chine, « en raison de ses pratiques discriminatoires à l’encontre de la Lituanie, qui frappent également [le] marché unique de l’UE », a annoncé la Commission, jeudi 27 janvier, Bruxelles soumet à l’épreuve des faits l’unité des Vingt-Sept et la capacité de l’UE à s’imposer sur la scène internationale.
Ces derniers mois, les relations entre Vilnius et Pékin se sont dégradées. La Chine n’a pas apprécié que la Lituanie quitte le forum « 17+1 », ce maillon essentiel des Nouvelles routes de la Soie qui réunit l’empire du Milieu et 17 pays d’Europe centrale et de l’Est (dont 12 membres de l’Union). Elle s’est franchement énervée lorsque le petit Etat balte a laissé Taïwan ouvrir sur son sol un bureau de représentation officiel à son nom, alors que Pékin ne reconnaît pas le statut d’Etat à cette île.
Les mesures de rétorsion n’ont pas tardé. Le 25 novembre 2021, la Chine a annoncé qu’elle ne délivrait plus de visas aux Lituaniens. Dans la foulée, elle a interrompu ses importations vers la Lituanie, et elle a aussi arrêté de dédouaner les marchandises lituaniennes qui arrivaient dans ses ports, invoquant des failles dans son service informatique. Pour Vilnius, la situation restait gérable : certes, ses exportations vers la Chine ont chuté de 91 % en décembre 2021 par rapport au même mois de l’année précédente, mais la Lituanie réalise moins de 1 % de ses échanges commerciaux avec Pékin.
« Des chaînes de valeur ont été affectées »
Pourtant, ce qui était au départ une affaire bilatérale entre ces deux pays est vite devenu un sujet communautaire. Certains Etats membres, notamment en Europe de l’Est, « se sont dit que ce qui arrivait à la Lituanie pouvait leur arriver », confie un fonctionnaire européen. Qui plus est, Pékin ne s’est pas contenté de mettre des bâtons dans les roues à des entreprises lituaniennes. Sans qu’on leur donne d’explications, plusieurs industriels européens qui utilisent des composants venant de Lituanie ont perdu des commandes ou se sont également vu empêcher d’exporter en Chine.
« En Finlande, en Allemagne ou en Suède, des chaînes de valeur ont été affectées », poursuit cette source. Et le sacro-saint marché intérieur s’en est trouvé perturbé. Dès lors, un pays comme l’Allemagne, qui avait tendance à considérer que Vilnius ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même dans cette histoire, a commencé à voir les choses autrement. Dans ce contexte, la Commission a reçu un soutien unanime des Vingt-Sept quand elle a évoqué la possibilité de saisir l’OMC, jugeant les pratiques de Pékin « discriminatoires et illégales » au regard des règles du commerce multilatéral.
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