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En Tunisie, le désarroi des députés privés de Parlement

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Faiza Bouhlel, députée du parti tunisien d’inspiration islamiste Ennahdha, à Tunis, en Tunisie, le 30 décembre 2021. CHEDLY BEN IBRAHIM / NURPHOTO / AFP

Samia Abbou n’aurait jamais pensé remettre un jour sa robe d’avocate, dix ans après l’avoir troquée pour un siège de députée. Et pourtant, depuis le 25 juillet, cette vétérane du Parlement tunisien, élue successivement aux trois scrutins législatifs de l’après-révolution, a dû revenir à son premier métier. Depuis la suspension du Parlement décrétée fin juillet 2021 par le président Kaïs Saïed pour sauver la nation d’un « péril imminent », Samia Abbou et ses 216 collègues se retrouvent au chômage technique.

« Le 25 juillet était nécessaire, car j’ai vu le Parlement devenir un lieu de corruption et de conflits autour d’intérêts personnels, mais ce qu’il s’est passé ensuite n’est pas ce à quoi nous nous attendions », déclare amèrement cette sociale-démocrate. Samia Abbou dénonce l’accaparement des pouvoirs par le président mais aussi le flou de sa politique. Kaïs Saïed « avait promis de lutter contre la corruption et notamment celle des députés. Où en est-on ? », questionne celle qui s’était fait connaître pour ses sorties enflammées sur le sujet au sein de l’Hémicycle.

Six mois après le coup de force du chef de l’Etat, la Tunisie demeure gouvernée par décrets et le gel de l’Assemblée des représentants du peuple a été prolongé jusqu’à la fin 2022. Très critique à l’égard de la classe politique, Kaïs Saïed a levé l’immunité des parlementaires et promis qu’ils rendraient des comptes. Ces derniers mois, plusieurs députés ont été arrêtés dans le cadre d’anciennes poursuites judiciaires, qui avaient été suspendues durant leur mandat – mais très peu l’ont été pour des affaires de corruption.

Un « Parlement dysfonctionnel »

Ces interpellations ont contribué à dégrader davantage l’image de l’Assemblée au sein de l’opinion publique. Un désamour lié notamment « au faible rendement du travail parlementaire et aux conflits politiques omniprésents » au sein de l’Hémicycle quand celui-ci fonctionnait, selon Selim Kharrat. Président de l’association Al Bawsala, qui a examiné à la loupe le travail de l’Assemblée depuis une décennie, ce dernier souligne le « très faible budget du Parlement » et le « manque d’expérience des élus », lesquels se sont traduits par un manque d’avancées législatives.

« Nous avions clairement un Parlement dysfonctionnel qui s’est éloigné des objectifs de la révolution », estime le politiste, ajoutant que des lois très importantes comme celle sur la mise en place d’une cour constitutionnelle ou la réforme de textes liberticides n’ont jamais été votées. « Elles auraient pu permettre de mieux affronter la situation actuelle. Aujourd’hui, aucun recours n’est possible », assure-t-il.

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