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Crise en Ukraine : le gazoduc Nord Stream 2 au cœur du bras de fer entre les Occidentaux et la Russie

A Lubmin, dans le nord-est de l’Allemagne, le 7 septembre 2020. ODD ANDERSEN / AFP

Les Etats-Unis ont assuré, jeudi 28 janvier, que le gazoduc Nord Stream 2 cher à Moscou serait mort-né en cas d’invasion russe de l’Ukraine, appelant la Russie à « revenir à la table des négociations ». Le sort de ce gazoduc controversé entre la Russie et l’Allemagne, dont Washington n’a jamais voulu, mais qui est désormais achevé avec la bénédiction de Berlin, sera certainement au cœur de la prochaine visite du chancelier allemand, Olaf Scholz, à la Maison Blanche, le 7 février, pour rencontrer le président américain, Joe Biden.

Accusé d’être timide et de tergiverser, le gouvernement allemand a tenté de clarifier jeudi sa position. Les « sanctions fortes » en cours de préparation par les Occidentaux en cas d’offensive russe incluent aussi Nord Stream 2, qui attend toujours sa mise en service, a déclaré la chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.

S’appuyant sur ces propos et sur ses « conversations » avec l’Allemagne, le gouvernement américain s’est montré encore plus catégorique. « Je veux être claire avec vous aujourd’hui : si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant », a prévenu la numéro 3 de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.

Par ailleurs, les Etats-Unis ont saisi le Conseil de sécurité de l’ONU jeudi, réclamant une réunion lundi en raison de la « menace claire » que fait peser à leurs yeux la Russie sur « la paix et la sécurité internationales ».

Pression sur la Russie

Joe Biden a appelé jeudi son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, et lui a réaffirmé que les Etats-Unis répondraient « résolument » en cas d’invasion russe, les deux hommes discutant de la possibilité d’une assistance économique accrue, selon un communiqué de l’administration américaine.

Le démocrate a également soulevé la « nette possibilité que les Russes puissent envahir l’Ukraine en février », une date déjà évoquée par les renseignements américains, a précisé sur Twitter la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain. Les Occidentaux continuent donc de mettre la pression sur la Russie, qui s’est montrée pour le moins réservée au lendemain de la réception des réponses écrites des Etats-Unis et de l’OTAN à ses demandes pour sortir de l’impasse actuelle.

« La balle est dans leur camp », « nous espérons que Moscou va étudier ce que nous leur proposons et revenir à la table des négociations », a dit Victoria Nuland, réaffirmant qu’en cas de « rejet » de cette « offre de dialogue » les sanctions seraient « très douloureuses ».

Quelque 100 000 militaires russes campent à la frontière ukrainienne avec leurs blindés depuis la fin de 2021. La Russie dément tout projet d’invasion, mais s’estime menacée par l’expansion de l’OTAN depuis vingt ans ainsi que par le soutien occidental à son voisin ukrainien. Elle a réclamé la fin formelle de l’élargissement de l’Alliance atlantique, notamment à l’Ukraine, et un retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.

Les Etats-Unis et l’OTAN ont, sans surprise, formellement rejeté mercredi ces demandes-clés de Moscou, tout en ouvrant à nouveau la porte à des négociations sur des limites réciproques au déploiement des missiles de courte et moyenne portée des deux puissances nucléaires rivales en Europe ainsi qu’aux exercices militaires aux abords du camp adverse.

Un nouveau rendez-vous en février

Une décision dont s’est plaint le président russe, Vladimir Poutine, vendredi auprès de son homologue français, Emmanuel Macron.

« Les réponses des Etats-Unis et de l’OTAN n’ont pas tenu compte des inquiétudes fondamentales de la Russie », a expliqué le Kremlin dans un communiqué consacré à l’entretien entre les deux dirigeants. « La question-clé a été ignorée, à savoir comment les Etats-Unis et leurs alliés comptent (…) mettre en œuvre le principe selon lequel personne ne doit renforcer sa sécurité au détriment d’autres pays », a poursuivi la présidence russe.

Toutefois, M. Poutine a assuré, lors de l’entretien avec M. Macron, que la Russie voulait continuer à travailler à la résolution de cette guerre. Selon le Kremlin, la Russie va « déterminer sa réaction à venir » après avoir étudié en détail les réponses de ses rivaux.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, n’a par ailleurs pas fermé la porte au dialogue, relevant qu’on pouvait « espérer le début d’une conversation sérieuse sur des questions secondaires ».

Volodymyr Zelensky avait quant à lui salué plus tôt l’exercice diplomatique « constructif » à Paris, où des négociateurs russes et ukrainiens se sont retrouvés pour la première fois depuis des mois, mercredi, sous égide franco-allemande, pour parler du conflit entre Kiev et des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine.

Avancée timide mais rare, les émissaires ont annoncé un nouveau rendez-vous pour le début de février à Berlin.

La Russie peut se satisfaire du soutien explicite de la Chine, qui a défendu les « préoccupations raisonnables » du Kremlin.

Mais Washington a aussi appelé Pékin « à utiliser son influence sur Moscou » pour éviter un conflit en Ukraine, qui ne serait « pas bon pour la Chine non plus », en raison de son « impact important sur l’économie mondiale » et « le secteur énergétique ». Dans les rues de Kiev, des Ukrainiens espéraient que la diplomatie et l’aide militaire occidentale empêcheraient une invasion russe.

Le Monde avec AFP

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