Le Français Benjamin Brière, en détention en Iran depuis dix-huit mois, a été condamné à huit ans et huit mois de prison, ont annoncé, mardi 25 janvier, ses avocats français et iranien, pour « espionnage » et « propagande » contre la République islamique. « Cette condamnation, que rien ne permet d’étayer, est inacceptable », a aussitôt réagi le ministère français des affaires étrangères.
Originaire de Lyon, Benjamin Brière, qui s’est toujours présenté comme un touriste, avait été interpellé en mai 2020 dans le nord-est de l’Iran, près de la frontière avec le Turkménistan, pour avoir pris « des photographies de zones interdites » avec un drone de loisir. L’un de ses avocats iraniens, Saïd Dehghan, maintient que ce drone était un appareil simple, souvent utilisé en Iran pour photographier les paysages ou des cérémonies comme les mariages.
« Nous sommes sous le choc, explique l’avocat, joint par Le Monde. Une heure avant le début du procès, jeudi 20 janvier, la chambre du tribunal et le juge chargés du dossier ont changé. De plus, Benjamin a été condamné pour “espionnage par le biais de collaboration avec un Etat ennemi de la République islamique”, passible de un à dix ans de réclusion, alors qu’il était censé être jugé pour “espionnage par le biais de la prise de photographies”, passible de trois ans de prison maximum. Ces changements de dernière minute, tous en défaveur de mon client, sont incroyablement illégaux. »
Monnaie d’échange
A part Benjamin Brière – le seul Occidental connu emprisonné en Iran à ne pas avoir de passeport iranien –, la France est également concernée par le sort de l’anthropologue Fariba Adelkhah. Arrêtée en 2019, la chercheuse franco-iranienne a été condamnée à cinq ans de prison pour « propagande » et « collusion en vue de porter atteinte à la sécurité nationale ». Assignée à résidence au domicile de ses proches à Téhéran depuis octobre 2020, elle a de nouveau été incarcérée, mi-janvier, au motif qu’elle n’aurait pas respecté les conditions de son assignation.
Benjamin Brière, lui, est détenu dans la prison de Vakil Abad, à Machhad (nord-est). En décembre 2021, il a entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvaises conditions de sa détention, notamment sa privation du droit de téléphoner à ses proches pour les fêtes de Noël.
La condamnation du Français intervient alors que l’Iran est en train de négocier à Vienne son retour, ainsi que celui des Etats-Unis, dans l’accord sur le dossier nucléaire iranien. En 2018, l’ancien président américain Donald Trump avait déchiré le « deal », signé trois ans plus tôt, dans la capitale autrichienne, entre Téhéran, Washington, Londres, Paris, Moscou, Pékin et Berlin. Depuis, la République islamique d’Iran a repris une grande partie de ses activités nucléaires. Avec l’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden, les pourparlers ont recommencé, début 2021, entre l’Iran et les parties impliquées, pour tenter de sauver l’accord.
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