L’objectif est de faire baisser les tensions entre Moscou et Kiev, qui n’ont cessé de monter ces derniers mois : des négociateurs russes, ukrainiens, français et allemands se sont réunis mercredi 26 janvier à la mi-journée à Paris – selon le format « Normandie » – pour tenter de désamorcer la crise après une série de pourparlers entre Russes et Américains la semaine dernière.
Dans le même temps, Washington dit s’attendre à une attaque russe contre l’Ukraine dans les trois prochaines semaines et l’ambassade américaine à Kiev a « exhorté » les citoyens américains se trouvant en Ukraine à quitter le pays sans tarder, en raison de la menace « accrue » d’une invasion russe.
Les Etats-Unis avaient annoncé dès dimanche le rappel de certains diplomates et de leurs familles, avant le Royaume-Uni lundi, puis le Canada mardi. Une décision toutefois jugée « prématurée » et « excessive » par les autorités ukrainiennes.
Une rencontre « encourageante »
« Il est très encourageant que les Russes aient accepté de réentrer dans ce format diplomatique, le seul où les Russes sont partie prenante. Cette réunion donnera une indication claire sur l’état d’esprit des Russes, avant l’entretien vendredi entre Emmanuel Macron et le président russe Vladimir Poutine », a estimé l’Elysée mercredi. « Nous voulons une désescalade, ce qui passe à la fois par le dialogue et la dissuasion », a ajouté la présidence française.
Les tensions n’ont cessé de monter ces derniers mois autour de l’Ukraine, Moscou étant accusé par les Occidentaux d’avoir déplacé des dizaines de milliers de soldats vers les frontières ukrainiennes en vue d’une offensive. La Russie exige, quant à elle, des garanties pour sa sécurité, dont le rejet de l’adhésion du pays à l’OTAN.
Washington s’attend à une attaque russe imminente
« Tout indique » que le président Vladimir Poutine « va faire usage de la force militaire à un moment donné, peut-être entre maintenant et mi-février », a assuré mercredi la vice-secrétaire d’Etat américaine, Wendy Sherman.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait auparavant affirmé que « si l’Occident [poursuivait] sa voie belliqueuse », Moscou prendrait « les mesures de riposte nécessaires » et avait dénoncé « l’hystérie » occidentale quant à l’imminence supposée d’une intervention militaire russe en Ukraine.
Dans le cadre des négociations passées entre Russes et Américains, ces derniers et l’OTAN doivent adresser une réponse écrite aux demandes de Moscou d’ici à la fin de la semaine, ont déclaré mercredi à l’Agence France-Presse plusieurs sources diplomatiques de l’Alliance, un responsable européen qualifiant nombre de ces demandes d’« inacceptables ».
Le président américain, Joe Biden, a affirmé mardi qu’il pouvait « concevoir » de sanctionner personnellement Vladimir Poutine, promettant d’« énormes conséquences » si Moscou attaquait l’Ukraine, une décision qui « changerait le monde ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rétorqué mercredi que de telles sanctions ne seraient « pas douloureuses politiquement » pour le chef de l’Etat russe, bien que « destructrices » pour les relations entre Moscou et les Occidentaux.
« Un dialogue a lieu sur des sanctions avec les partenaires européens, américains et les institutions », a expliqué la présidence française, précisant que d’éventuelles « sanctions ne doivent pas entraîner des répliques qui auraient un coût pour nous en boomerang. Les sanctions ne sont pas l’alpha et l’oméga de la réponse ».
« Nombre insuffisant » de soldats
La Russie a multiplié ces dernières semaines les manœuvres militaires, y compris à la frontière ukrainienne, avec des exercices commencés mardi impliquant quelque 6 000 hommes, des avions de chasse et des bombardiers dans le sud et en Crimée, péninsule ukrainienne que Moscou a annexée en 2014.
La Russie a massé jusqu’à 100 000 soldats près des frontières ukrainiennes. Si l’Ukraine s’est alarmée pendant des semaines d’une invasion imminente, elle a estimé mercredi que ces effectifs étaient encore « insuffisants » pour déclencher une attaque d’envergure contre son territoire. Ce nombre « est important, il représente une menace pour l’Ukraine », mais, « à l’heure où nous parlons, ce nombre est insuffisant pour une offensive de grande ampleur contre l’Ukraine le long de toute la frontière ukrainienne », a jugé le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.
Les Etats-Unis ont pour leur part placé en état d’alerte lundi quelque 8 500 militaires, qui pourraient renforcer la force de réaction rapide de l’OTAN, qui compte 40 000 hommes. La décision de les déployer n’a toutefois pas été prise.
L’OTAN a, pour sa part, annoncé placer des forces en attente et envoyer des navires et des avions de combat pour renforcer ses défenses en Europe de l’Est, et ce alors que la Russie considère les troupes de l’Alliance atlantique dans son voisinage comme une menace existentielle.
Mercredi, une autre source de tensions est venue de Russie : un haut responsable du Parlement russe, Andreï Tourtchak, a appelé à livrer des armes aux séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, que Kiev combat depuis 2014 dans une guerre qui a fait plus de 13 000 morts.
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