Publié le : 25/01/2022 – 00:14
Le ministre des Affaires étrangères iranien a déclaré lundi pour la première fois que son pays était ouvert à des négociations directes avec Washington sur le nucléaire. Le porte-parole de la diplomatie américaine a jugé que se rencontrer directement serait en effet « plus productif ».
Un tournant dans les pourparlers qui traînent en longueur pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire iranien ? L’Iran a pour la première fois envisagé, lundi 24 novembre, de négocier directement avec les États-Unis, qui ont aussitôt dit être prêts à ces discussions « urgentes ».
« Actuellement, l’Iran ne négocie pas directement avec les États-Unis, mais si durant les négociations, nous arrivons à un point où la conclusion d’un bon accord avec de solides garanties nécessite un certain niveau de discussions avec les États-Unis, nous le prendrons en considération », a déclaré le ministre iranien des Affaires étangères Hossein Amir-Abdollahian, lors d’une conférence diffusée à la télévision d’État. Il a reconnu que « la partie américaine » envoyait « des messages de diverses manières dont l’objectif est d’avoir des contacts directs avec l’Iran ».
Jusqu’ici, Téhéran refusait tout contact direct avec Washington, estimant que le pays ennemi devait « changer d’attitude » et retourner dans l’accord de 2015 avant d’envisager de lui parler sans intermédiaires.
C’est donc une inflexion de taille. Elle intervient alors que les deux camps font enfin état de « progrès » dans les pourparlers qui se tiennent à Vienne, même si les Occidentaux mettent en garde contre le risque qu’ils soient trop tardifs pour permettre une percée décisive.
« Au rythme actuel des avancées nucléaires de l’Iran, nous n’avons presque plus de temps » pour parvenir à une entente, a ainsi prévenu lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. « Nous sommes prêts à les rencontrer directement », a-t-il ajouté, rappelant que Washington juge depuis le début que « ce serait plus productif ». Selon lui, « se rencontrer directement permettrait une communication plus efficace, qui est urgente pour parvenir rapidement à une entente ».
Accord « possible » sur les détenus
Des pourparlers se sont ouverts en avril à Vienne, et ont repris à l’automne après une pause de cinq mois, pour mettre en musique un « retour mutuel » dans le texte de l’accord sur le nucléaire de 2015. Mais ils se déroulent entre Téhéran et les grandes puissances encore membres de l’accord, tandis que les Américains, qui l’ont quitté sous Donald Trump, y participent de manière indirecte sans jamais avoir rencontré jusqu’ici les Iraniens. L’Union européenne joue les médiateurs.
Les États-Unis ont prévenu ces derniers jours que le dénouement approchait. « Nous avons, je pense, une poignée de semaines pour voir si nous pouvons revenir mutuellement dans le respect de l’accord », a déclaré mi-janvier le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. « L’Iran se rapproche de plus en plus du moment où il pourrait produire, dans un délai très, très court, assez de matière fissile pour une arme nucléaire. »
Même son de cloche côté européen, où un diplomate fixe à mi-février l’heure de vérité, appelant de ses vœux une accélération des discussions. C’est ce que pourrait permettre la tenue de négociations directes.
Autre signe d’optimisme, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé lundi qu’il était « possible » de trouver un accord sur le nucléaire mais aussi pour la libération de quatre citoyens américains détenus dans la République islamique.
Le porte-parole réagissait à des déclarations de Washington, qui a semblé faire un lien entre les deux dossiers. « Il est très difficile pour nous d’imaginer revenir dans l’accord nucléaire pendant que quatre innocents sont retenus en otage par l’Iran », a réaffirmé lundi Ned Price. Mais il a assuré qu’il n’y avait « aucun lien direct ou explicite » entre ces négociations, car le retour dans l’accord de 2015 est « au mieux incertain », alors que le gouvernement de Joe Biden veut que « le retour de ces Américains soit certain ».
Avec AFP
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