La guerre des nerfs se poursuit à l’Est. Les forces armées russes ont lancé mardi 25 janvier une nouvelle série de manœuvres dans le sud de la Russie, notamment à proximité de l’Ukraine, et en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014. Ces exercices impliquent 6 000 hommes, des avions de chasse et des bombardiers.
Il s’agit d’une opération « interarmées » qui implique notamment « l’armée de l’air et l’antiaérien, des groupes de navires des flottes de la mer Noire et de la Caspienne », a précisé le commandant des forces russes pour le sud de la Russie, Alexandre Dvornikov.
Moscou, qui a déployé des dizaines de milliers d’hommes ces derniers mois près de l’Ukraine, a aussi annoncé la semaine dernière des manœuvres navales dans l’Atlantique, l’Arctique, le Pacifique et la Méditerranée, ainsi que des exercices conjoints en Biélorussie, aux frontières de l’Union européenne.
Risque imminent, selon Washington
Cette dernière démonstration de force survient au lendemain de l’annonce par les Etats-Unis de la mise en état d’alerte de 8 500 de leurs militaires, ainsi que de l’annonce du départ des familles de diplomates américains d’Ukraine du fait du risque imminent, selon Washington, d’une invasion russe de son voisin pro-occidental.
« C’est avec une grande préoccupation que nous constatons ces actions américaines », a déclaré mardi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Pour lui, les Etats-Unis provoquent ainsi une nouvelle « exacerbation des tensions ».
L’Ukraine doit par ailleurs recevoir mardi une nouvelle livraison des Etats-Unis incluant « des équipements et des munitions pour renforcer les forces armées ukrainiennes », selon les précisions de l’ambassade américaine lundi. Il s’agit d’une partie des 200 millions de dollars d’assistance accordés par la Maison Blanche récemment.
L’OTAN a pour sa part annoncé le placement de forces en attente et l’envoi de navires et d’avions de combat pour renforcer ses défenses en Europe de l’Est, et cela alors que la Russie considère les troupes de l’Alliance dans son voisinage comme une menace existentielle.
Les Occidentaux accusent Moscou d’avoir déployé plus de 100 000 militaires à la frontière de l’Ukraine, en vue d’une possible invasion, et cela alors que la Russie a déjà annexé la péninsule ukrainienne de Crimée après une révolution pro-occidentale chez son voisin.
Refus de l’élargissement de l’OTAN
La Russie dément tout projet d’offensive, mais exige, pour sortir de la crise, la rédaction de textes garantissant le non-élargissement de l’OTAN. Elle demande également un retrait des forces et des armements de l’Alliance atlantique des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’Alliance après 1997. Moscou a promis « les conséquences les plus graves » si ses « préoccupations légitimes » étaient ignorées.
Ces revendications ont été jugées inacceptables en Europe comme en Amérique, mais on y assure que les inquiétudes sécuritaires de Moscou sont prises au sérieux et que l’on veut négocier des solutions.
Après un cycle de pourparlers, Washington doit remettre cette semaine une réponse écrite aux exigences russes. Parallèlement, la mise en état d’alerte des troupes américaines a cependant semblé prendre de court certains dirigeants européens, soucieux de ne pas provoquer le Kremlin.
Le président français, Emmanuel Macron, a dit vouloir proposer « un chemin de désescalade » à Vladimir Poutine « dans les prochains jours ». Le Kremlin a confirmé un entretien dans la semaine. Paris accueille aussi mercredi une réunion de conseillers de haut rang avec l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine, pour tenter de raviver un format de dialogue datant de 2015, aujourd’hui au point mort. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé à ne pas « dramatiser » la situation.
Sanctions en discussion
En cas d’invasion de l’Ukraine, les Occidentaux prévoient des sanctions d’une sévérité inédite, a confirmé Boris Johnson mardi. Le Kremlin s’est cependant toujours montré insensible à ce type de représailles.
Une série d’options ont été préparées par la Commission européenne. La réduction des achats de gaz et de pétrole russes, qui représentent 43 % et 20 % de l’approvisionnement de l’Union européenne, est sur la table, a confié à l’Agence France-Presse une source européenne, mais le sujet divise les Européens.
Le président américain, Joe Biden, envisage d’interdire aux banques russes d’utiliser le dollar, ce qui porterait un coup très sévère à la finance et à l’économie réelle du pays.
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