C’est peut-être un tournant décisif dans une saga judiciaire qui dure depuis des années : la Haute Cour de Londres examine lundi 23 janvier la demande d’appel devant la Cour suprême du fondateur de WikiLeaks Julian Assange, qui risque en cas de refus d’être extradé sous peu vers les Etats-Unis.
Les Etats-Unis reprochent à l’Australien d’avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Poursuivi notamment pour espionnage, il risque jusqu’à cent soixante-quinze ans de prison dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse.
La justice britannique avait initialement tranché en sa faveur il y a un an, lorsque la juge Vanessa Baraitser s’était opposée à la remise aux autorités américaines de l’Australien de 50 ans, invoquant le risque de suicide. Mais Washington a remporté une victoire majeure en décembre, lorsque les hauts magistrats britanniques ont annulé cette décision, estimant que les Etats-Unis avaient fourni des assurances répondant aux inquiétudes de la juge.
Ses recours judiciaires épuisés
Les avocats d’Assange ont alors déposé une demande d’appel devant la Cour suprême, que les juges de la Haute cour sont chargés d’examiner lundi et d’autoriser ou non. Ils rendront leur décision à 11 h 45 (heure de Paris). En cas de refus, le fondateur de WikiLeaks aura presque épuisé ses recours judiciaires. Sa demande d’extradition sera de nouveau transmise à un tribunal britannique avec la recommandation de l’envoyer à la ministre de l’intérieur britannique Priti Patel, chargée de prendre la décision finale.
« Sauf en cas d’appel, la personne recherchée doit être extradée dans les vingt-huit jours suivant la décision du secrétaire d’Etat d’ordonner l’extradition », précise le site du gouvernement. Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis deux ans et demi, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Equateur, où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution.
Il craignait alors une extradition vers les Etats-Unis ou la Suède, où il faisait l’objet de poursuites pour viol, abandonnées depuis. Lors de l’audience en appel au sujet de son extradition à la fin d’octobre, les Etats-Unis ont cherché à rassurer sur le traitement qui serait réservé au fondateur de WikiLeaks.
Des partisans d’un asile politique en France
Washington a assuré qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée « L’Alcatraz des Rocheuses » – où sont notamment détenus à l’isolement quasi total des membres d’Al-Qaida – et qu’il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Ils ont évoqué aussi la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie.
Des garanties qui ont convaincu les juges britanniques, mais pas la fiancée d’Assange, Stella Morris, craignant pour sa santé s’il est extradé vers un pays qui a, selon elle, « comploté pour tuer Julian à cause de ce qu’il a publié ».
Mme Morris, avec laquelle Julian Assange a eu deux enfants lorsqu’il était reclus à l’ambassade d’Equateur, sera présente lundi matin à la Haute Cour de Londres, où elle donnera une conférence de presse après la décision du tribunal. L’Australien a reçu le soutien d’une quarantaine de députés français de tous bords qui ont plaidé pour qu’il puisse bénéficier de l’asile politique en France.
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