LETTRE DE BUENOS AIRES
Un enfant tente de se rafraîchir lors d’une forte vague de chaleur, dans une rue de Buenos Aires, le 14 janvier 2022. MARIO DE FINA / AP
D’un coup, le murmure constant des appareils électriques cesse. Dans la chaleur de l’été austral, les Argentins connaissent bien ce silence soudain, annonciateur d’une coupure de courant qui peut durer des jours entiers. L’une d’elles avait affecté 90 000 usagers, fin décembre 2021, dans Buenos Aires et sa banlieue. De nouveau, mardi 11 janvier, au moment où un soleil plombant atteignait son zénith, environ 700 000 personnes ont été privées d’électricité, alors que l’usage massif de la climatisation, lors des mois les plus chauds de l’année sursollicite le réseau.
« Salut, je vais publier une vidéo avec tous les produits que je vais devoir jeter parce que ça fait trente-six heures que je n’ai pas d’électricité. D’accord ? », s’agace une utilisatrice sur Twitter, en interpellant Edesur, l’entreprise, qui, avec Edenor, distribue l’énergie dans Buenos Aires et sa région. Les coupures de courant prolongées contraignent les foyers à renoncer à leurs réserves alimentaires, congelées ou réfrigérées, parfois accumulées pour prendre de l’avance sur l’inflation (près de 51 % en 2021), dans un pays où quatre personnes sur dix vivent aujourd’hui dans la pauvreté.
Personnes à la mobilité réduite dépossédées de leur ascenseur, feux de circulation éteints, impossibilité de cuisiner ou d’assurer l’hygiène basique lorsque ces systèmes dépendent de l’électricité, ordinateurs déchargés et connexion Wi-Fi au point mort à une époque où le télétravail n’a jamais autant prévalu, impossibilité de s’éclairer ou de s’affranchir de la chaleur ne serait-ce qu’avec un ventilateur : les conséquences de ces coupures bouleversent l’intimité des foyers et la vie des quartiers. A Buenos Aires, des habitants ont signifié leur colère en manifestant et en faisant barrage à la circulation routière – un moyen de contestation habituel en Argentine.
Ces scènes n’ont rien de nouveau. Les pannes de courant rythment les étés de Buenos Aires et de son agglomération. Les entreprises « ne réalisent pas les travaux nécessaires à l’amélioration du service, qui est cher et mauvais », tance Guido Lorenzino, à la tête de la Défense du peuple de la province de Buenos Aires, un organisme public soutenant les intérêts des citoyens. « Il est inacceptable que chaque été, les mêmes plaintes pour coupures de courant, le manque de suivi et de réponses [des entreprises] se répètent », a renchéri le même organisme, dans la ville de Buenos Aires.
Le prix de l’électricité est gelé
Les entreprises concernées pointent le manque de fonds pour répondre à l’investissement nécessaire, alors que le prix de l’électricité demeure particulièrement bas en Argentine. De fait, il s’élève à un peu plus de cinq pesos pour un kilowattheure (kwH), l’équivalent de 0,045 euro au taux officiel, soit quasiment quatre fois moins qu’en France, à titre de comparaison. Mais le salaire minimum y est environ cinq fois plus faible que dans l’Hexagone. Afin de juguler l’effet de l’inflation sur le budget des ménages, le prix de l’électricité est actuellement gelé en Argentine.
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