Analyse. Voilà tout juste trois ans que le Vénézuélien Juan Guaido s’est autoproclamé président par intérim de son pays. Il a été, début janvier, reconduit pour un an dans ses fonctions par ses pairs, les ex-députés d’opposition. Les Etats-Unis et plusieurs de leurs alliés ont renouvelé leur soutien à celui qu’ils considèrent comme le seul président légitime du Venezuela. M. Guaido peut donc garder son titre ronflant et le contrôle des actifs de l’Etat vénézuélien à l’étranger, à commencer par Citgo, filiale aux Etats-Unis de l’entreprise pétrolière PDVSA. Le sort des lingots d’or vénézuéliens détenus par la Banque d’Angleterre est également en jeu. Au total, il y a en a pour quelques milliards de dollars.
Mais, dans son pays, M. Guaido n’exerce aucun pouvoir et ne fait plus illusion. Son discrédit est à la hauteur de l’immense espoir qu’il avait suscité en promettant, dans un pays dévasté par la récession, de déboulonner l’héritier d’Hugo Chavez pour ramener prospérité et démocratie. Le président Nicolas Maduro est toujours là et semble même solide. En novembre 2021, dans un contexte de forte abstention, le parti socialiste, au pouvoir depuis vingt-trois ans, a remporté haut la main les élections régionales face à une opposition très divisée.
Juan Guaido a été réélu par des députés dont le mandat a pris fin en 2021. Sa légitimité est désormais contestée au sein de son propre camp. En décembre, son « ministre » des affaires étrangères, Julio Borges, démissionnait, considérant que le « gouvernement intérimaire » n’avait plus lieu d’être. « Mis en place pour venir à bout d’un gouvernement qui s’éternise, le gouvernement intérimaire s’éternise », ironise le portail satirique El Chigüire Bipolar.
La mauvaise administration des actifs à l’étranger, la gestion opaque des fonds reçus de la coopération internationale et les soupçons de corruption qui ont touché son entourage ont fini de ternir l’image de M. Guaido. Dans les sondages, le président par intérim est devenu aussi impopulaire que le président en place. Fin décembre, Nicolas Maduro raillait son adversaire, « cette sorte de Frankenstein politique, perdu dans l’ombre et la solitude de son échec » .
« Les Américains soutiennent Guaido parce qu’ils n’ont tout simplement pas de plan B », considère la politologue vénézuélienne Colette Capriles. Fin 2021, aux Nations unies, seuls 15 pays sur 193 ont suivi Washington et refusé de reconnaître l’ambassadeur désigné par Caracas. En Amérique latine, le front anti-Maduro s’est délité. En Europe, les capitales qui ont reconnu Juan Guaido il y a trois ans peinent à cacher leur embarras diplomatique. « Guaido est devenu inutile, mais personne ne sait comment le lâcher », résume un diplomate.
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