Benoît XVI se dit « désolé pour cette erreur et demande qu’on lui pardonne ». Le pape émérite a reconnu, lundi 24 janvier, avoir participé à une réunion-clé en 1980 sur un prêtre allemand soupçonné d’agressions sexuelles sur mineurs, contrairement à ce qu’il avait déclaré aux auteurs d’un rapport à charge paru jeudi 20 janvier.
Dans une lettre publiée par son secrétaire particulier et citée par l’agence de presse catholique allemande KNA, Benoît XVI « veut maintenant clarifier que, contrairement à ce qui figure dans [son] audition, il a participé à la réunion du 15 janvier 1980 ».
Ses déclarations aux auteurs du rapport publié le 20 janvier par le cabinet Westpfahl Spilker Wastl étaient « objectivement incorrectes » sur ce point, mais Benoît XVI réfute toute « mauvaise foi ». L’erreur, affirme-t-il, « est le résultat d’une omission dans l’édition de ses déclarations ».
Au courant du passé pédocriminel d’un prêtre
Selon ce rapport, qui recense plus de 400 victimes d’abus dans l’archevêché de Munich et Freising, le cardinal Joseph Ratzinger, avant qu’il devienne pape, était au courant du passé pédocriminel d’un prêtre, Peter Hullermann, même s’il l’a toujours nié. Les auteurs du rapport estiment que Benoît XVI a pris de « mauvaises décisions » dans quatre cas où il n’est pas intervenu à l’époque où il dirigeait l’archevêché, alors que, pour deux d’entre eux, les prêtres mis en cause avaient déjà été condamnés par la justice allemande.
En 1980, Peter Hullermann, un prêtre du diocèse d’Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) accusé de pédophilie, a été transféré dans celui de Munich pour y suivre une thérapie. Or, selon le protocole, cité par le rapport, de la réunion d’admission d’Hullermann, son passé fut évoqué et Mgr Ratzinger était présent.
S’il reconnaît désormais sa présence, Benoît XVI soutient qu’« aucune décision n’a été prise sur l’attribution d’une mission pastorale au prêtre concerné ». « Seule la demande de lui fournir un logement pendant sa thérapie à Munich a été acceptée », assure-t-il.
Quelques semaines après son transfert en Bavière, Hullermann était à nouveau au contact de mineurs. Condamné en 1986 à dix-huit mois de prison avec sursis, il a ensuite officié dans différentes paroisses de la région jusqu’à sa suspension définitive, en 2010, à l’âge de 63 ans.
Le pape émérite de 94 ans, qui vit retiré dans un monastère du Vatican depuis sa démission, en 2013, n’a pas encore directement réagi au fond du rapport, n’ayant pas eu le temps de le lire intégralement, d’après son secrétaire particulier. Mais il rejette toute responsabilité. Le Saint-Siège a, de son côté, dit vouloir étudier en détail le rapport, réitérant « son sentiment de honte et de remords » pour les violences commises.
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