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Ukraine : “La désescalade avec la Russie va passer par une escalade”

Publié le : 23/01/2022 – 17:07Modifié le : 23/01/2022 – 17:09

Alors que la crise ukrainienne s’envenime, la multiplication des rencontres avec les Russes fait espérer une résolution par la diplomatie. En appui, sur le terrain, les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine s’inscrivent dans une démarche de dissuasion. 

Les tensions sont au plus haut avec la Russie, accusée depuis plusieurs semaines par les Occidentaux d’avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une attaque. Le Royaume-Uni la soupçonne de préparer un coup d’État, allant jusqu’à affirmer, samedi 22 janvier, que Moscou cherchait « à installer un dirigeant prorusse à Kiev ». Une hypothèse formellement démentie par Moscou.

« Notre État va continuer sa politique de démantèlement de toute structure oligarchique et politique pouvant œuvrer en vue de la déstabilisation de l’Ukraine ou étant complice avec les occupants » russes, a répondu, dimanche, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du chef de l’administration présidentielle ukrainienne, dans des commentaires envoyés à l’AFP. 

Une hypothèse formellement démentie par Moscou, qui a exhorté le Royaume-Uni à « cesser de propager des absurdités » et à « mettre fin à ses provocations stupides (…), très dangereuses dans la situation actuelle ».

Pour Alexandre Negrus, président de l’Institut d’études de géopolitique, interrogé par France 24,  il faut « garder la tête froide » face à  « la perspective d’une invasion imminente ». 

Les « demandes inaccessibles » de la Russie

« Aujourd’hui, la Russie a beaucoup à perdre si elle venait à envahir l’Ukraine, ça serait une opération beaucoup trop coûteuse pour elle et sur le plan politique interne ce serait assez difficile à faire admettre » émet le chercheur, estimant que « la désescalade va passer par une escalade ». 

Côté russe, cela se manifeste par « la formulation de demandes inacceptables, comme le retrait des troupes de l’Otan de Roumanie et de Bulgarie », avance Alexandre Negrus. « La Russie teste l’Otan, l’UE, et les autres pour savoir jusqu’où ces parties-là peuvent aller. Elle sait que ces demandes sont inaccessibles, mais elle espère du lest sur d’autres points. Par exemple, elle cherche à pouvoir faire des invasions discrètes dans le Donbass pour consolider ses acquis ». En menaçant du pire, Moscou pourrait donc se contenter finalement de ce qu’elle réclame depuis des années – l’annexion du Donbass. 

L’heure est donc à la démonstration de force. Cela pousse certains États « à montrer les muscles », indique Alexandre Negrus. Et cela passe par l’envoi d’armes en Ukraine.

Course à l’armement en Ukraine 

Dans cette perspective, les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ont annoncé, vendredi, l’acheminement prochain de missiles antiaériens à Kiev. La Grande-Bretagne, quant à elle, a déjà fourni cette semaine 2 000 missiles et une équipe de formateurs militaires à l’Ukraine. Ce à quoi s’ajoute la livraison à Kiev, dans la nuit de vendredi à samedi, de 90 tonnes « d’aide létale, y compris des munitions » par les États-Unis, qui pourvoient régulièrement le pays. 

The first shipment of assistance recently directed by President Biden to Ukraine arrived in Ukraine tonight. This shipment includes close to
200,000 pounds of lethal aid, including ammunition for the front line defenders of Ukraine. [1/2] pic.twitter.com/YeYanK0Px6

— U.S. Embassy Kyiv (@USEmbassyKyiv) January 22, 2022

Une course à l’armement à laquelle l’Allemagne s’est, en revanche, refusée, estimant que cela ne ferait qu’envenimer les tensions.  

Grâce à l’aide des pays de l’Otan depuis l’annexion de la Crimée en 2014, l’Ukraine a fortement amélioré ses capacités de défense. Outre l’aspect matériel, ces livraisons d’armes revêtent aujourd’hui une dimension « stratégique », d’après Dumitru Minzarari, spécialiste des conflits en Europe de l’Est à l’Institut allemand des Affaires internationales, contacté il y a quelques jours par France 24.  

Le signal envoyé à Moscou est « qu’il existe une possibilité importante que le pays qui fournit ce soutien militaire décide de s’impliquer encore davantage si un conflit armé éclate ». Si l’Ukraine dispose d’armements modernes, « cela peut amener Moscou à revoir son évaluation du rapport coûts/bénéfices d’une offensive », concluait le chercheur. 

En marge, les rencontres diplomatiques se multiplient avec les Russes. Est-ce une conséquence des dernières livraisons d’armes à l’Ukraine qui inquiètent Moscou ? Après plusieurs semaines d’escalade verbale, Sergueï Lavrov et Antony Blinken ont échangés, vendredi, à l’occasion de pourparlers à Genève. Les chefs des diplomaties russe et américaine ont convenu de poursuivre la semaine prochaine leurs « franches » discussions.  

Avec AFP

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