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Sultanat d’Oman : le prix à payer pour sortir du pétrole

Publié le : 18/01/2022 – 16:37

Le sultanat d’Oman, monarchie pétrolière voisine de l’Arabie saoudite, a enclenché depuis quelques années son plan Oman Vision 2040, fer de lance des nouveaux piliers économiques du pays. Celui-ci dépend très largement du pétrole et du gaz qu’il exporte, mais le gouvernement souhaite développer d’autres secteurs, comme la pêche. Une grande transition qui menace cependant la biodiversité du pays.

Dernier étage d’un immeuble flambant neuf, au milieu d’une petite zone de bureaux, elle-même isolée du reste de la capitale, Mascate. ‘Oman in Focus’ – une rencontre autour des sujets de préservation de l’environnement dans le sultanat – traite en cette fin novembre de la vie sous-marine. Le pays possède plus de 3 000 kilomètres de côtes, les fonds marins y sont préservés depuis longtemps, entre volonté politique et faible activité industrielle. 

Maisa Al Hooti est une photographe omanaise à l’origine du projet ‘Oman in Focus’. © Harold Girard, France 24

« Oman in Focus sensibilise le peuple omanais sur l’importance de la préservation de la nature par la photographie, on essaie toujours de renvoyer l’image d’une belle nature, d’un pays naturellement riche », explique Maisa Al Hooti, photographe sous-marine et cheffe du projet. « Si le pays n’était pas protégé et propre, on n’aurait pas tant d’espèces encore en vie. » 

La pêche, pilier du futur pour le sultanat ?  

Cette diversité d’espèces fait la spécificité d’Oman et est mise à l’honneur devant les invités, dont plusieurs hauts fonctionnaires du sultanat.  

« Nous avons couvert, à travers cette édition, 12 sites, mer et terre, des îles et les animaux rares que nous avons ici, comme les baleines à bosse, les tortues vertes et d’autres », détaille Maisa Al Hooti. Une stratégie pour « mettre Oman en valeur au niveau du tourisme international », poursuit la cheffe du projet. « Tout cela s’accorde avec le plan Oman Vision 2040 ». 

Mais ce plan mis en avant par les autorités pourrait s’avérer être une menace environnementale pour des zones encore vierges. La pêche par exemple, se développe à toute vitesse à Oman. Entre 2015 et 2020, la production de poisson a triplé, atteignant le niveau record de 840 000 tonnes en une année.  

Le port de pêche de Mascate à Oman. © Harold Girard, France 24

Le secteur de la pêche est « l’un des piliers de la transition sur lequel le gouvernement compte pour la croissance nationale »souligne Hussein Ali, spécialiste du secteur de la pêche et chargé d’études du gouvernement, qui évoque les nombreux investissements pour moderniser les infrastructures et améliorer les soutiens financiers. 

Ces investissements ont fait passer le marché du poisson à Oman d’une valeur de 395 millions d’euros en 2015, à 837 millions en 2020.  

Le sultanat peut-il envisager le même développement que ses voisins ? 

Le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ont tous amorcé une diversification de leur économie, le sultanat d’Oman veut suivre.

La transition énergétique aurait pu avoir été envisagée plus tôt, les réserves de pétrole y étant moins importantes que beaucoup de pays de la région. 

« L’horloge tourne vite », prévient David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste du Moyen-Orient. « La diversification se fera en travaillant les secteurs un à un mais pas au rythme des autres pays de la région, et certainement avec plus de discrétion », alors même que le plan dont les premiers aboutissements sont attendus en 2040 paraît difficilement réalisable. 

Le chercheur affirme que le contexte tribal d’Oman sera l’un des plus grands défis du gouvernement pour les réformes économiques de fond : « Le nouveau sultan a une forte culture économique et connaît les changements nécessaires à appliquer, mais il peut se heurter à différentes appréciations entre les habitants de la côte, du désert et par exemple, du gouvernorat de Dhofar ». 

Cette région d’Oman abrite historiquement une frange de la population opposée au pouvoir du Sultan. Une situation héritée de la guerre civile, qui opposa rebelles séparatistes et forces gouvernementales entre 1964 et 1976. 

Un désengagement des hydrocarbures encore lointain  

Mais le plan Oman vision 2040 ne signifie pas pour autant que le pays tourne le dos aux énergies fossiles. La pêche ne représente toujours que 1,2 % de l’économie du pays, tandis qu’Oman est dépendant à près de 70 % de son pétrole et de son gaz.   

Le 21 décembre dernier, TotalÉnergies a annoncé la signature d’accord avec le gouvernement pour le développement des ressources gazières. Un contrat signé avec le ministère de l’Énergie et des Minéraux, qui inclut un accord de concession sur un bloc gazier, permettra à TotalÉnergies de produire 24 000 barils équivalents pétrole par jour en 2023. En 2020, le géant français a déjà produit 39 000 barils de pétrole par jour.  

Le sultanat, malgré son plan de diversification de l’économie, continue de développer l’industrie autour des hydrocarbures. Les autorités se justifient en évoquant le retard que le pays accuse dans plusieurs domaines industriels par rapport aux nations voisines, les Émirats arabes unis, le Qatar ou encore l’Arabie saoudite, qui ont entamé leur diversification économique plus tôt.

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