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EnquêteBoudés par leur électorat traditionnel, les sociaux-démocrates des pays nordiques ont renoué avec le pouvoir en misant sur l’écologie, le social et le collectif, la défense de l’Etat-providence, mais aussi en durcissant leurs positions sur l’immigration.
L’histoire retiendra-t-elle que c’est à Göteborg, en ce début du mois de novembre 2021, que les sociaux-démocrates suédois s’autorisèrent enfin à croire en un possible nouveau départ ? Quatre ans auparavant, militants et responsables du parti à la rose avaient déjà choisi le centre d’exposition du plus grand port de Scandinavie, sur la côte ouest du royaume, pour y tenir leur 39e congrès. A l’époque, tel un spectre, la « crise de la social-démocratie » hantait toutes les discussions. En Europe du Nord, ils étaient les seuls de leur famille politique encore au pouvoir et s’ils réussirent à se maintenir après les élections législatives de septembre 2018, ce fût avec le plus mauvais score de leur histoire.
Le contexte a radicalement changé quand s’ouvre le 41e congrès du parti, le 3 novembre 2021, au même endroit. En Norvège, deux semaines plus tôt, le leader travailliste Jonas Gahr Store a pris la tête d’un gouvernement de coalition avec le parti centriste. En Allemagne, le chef de file du SPD, Olaf Scholz, s’apprête à remplacer Angela Merkel à la chancellerie, après la victoire de son parti aux élections du 26 septembre, où il a remporté 25,7 % des voix. Et depuis 2019, ils sont revenus aux affaires en Finlande et au Danemark.
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Cette concomitance, qui ne s’était pas produite depuis 2001, est-elle le fruit d’un hasard ? Ou bien, faut-il y voir un signe ? La preuve d’une revitalisation d’un courant politique et idéologique plus que centenaire, architecte de l’Etat-providence, défenseur d’une économie mixte et attaché à la concertation avec les partenaires sociaux ? Un courant qui semblait pourtant à bout de souffle depuis le début du siècle, en panne d’idée pour faire face aux grands défis actuels, après s’être laissé tenter par la « troisième voie » de Tony Blair et l’idéologie néolibérale.
Désignée par les militants pour succéder à Stefan Löfven, le leader du Parti social-démocrate suédois depuis 2011 et premier ministre depuis 2014, Magdalena Andersson l’affirme dans son discours inaugural à Göteborg : la social-démocratie est « dans une position de force idéologique ». Pour cette économiste de 54 ans, qui a incarné pendant sept ans la politique budgétaire très restrictive de la Suède à la tête du ministère des finances, il ne fait pas de doute : « Le monde a envie de plus de solutions collectives et de moins d’expérience de marché. De moins de confrontations et de polarisation. De plus d’égalité et de solidarité. »
Tournant idéologique
A la tribune, Olaf Scholz tient le même discours. En pleines négociations avec les partenaires de sa future coalition gouvernementale (les Verts et les libéraux), le presque chancelier allemand a fait une pause pour venir à Göteborg, le 5 novembre. Devant les militants suédois, le leader du SDP, accueilli par une standing ovation, salue la « renaissance remarquable de la social-démocratie et des partis progressistes à travers l’Europe et le monde ».
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