France World

Une famille palestinienne expulsée par la police israélienne d’un quartier sensible de Jérusalem-Est

Les forces israéliennes montent la garde alors que des machines s’affairent sur les ruines de la maison de la famille palestinienne Salhiya, dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, le 19 janvier 2022. AHMAD GHARABLI / AFP

En pleine nuit, par deux degrés sous zéro, une pelleteuse dépêchée par la mairie de Jérusalem a fini par détruire la maison d’une famille de fleuristes palestiniens, située dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, mercredi 19 janvier. Depuis trois jours, le chef de famille, Mohammed Salhiya, montait sans répit sur le toit de sa demeure, où il avait disposé des bonbonnes de gaz et un jerrican d’essence. Il menaçait d’y mettre le feu si la police tentait de l’expulser.

C’est la première fois depuis 2017 que des Palestiniens sont chassés de ce quartier sensible. Situé à la lisière de la part arabe de la Ville sainte occupée par Israël depuis 1967, l’Etat y a implanté des bâtiments administratifs (police aux frontières, tribunal), et la justice y permet l’implantation de colons.

Ces derniers profitent d’une loi autorisant un Juif ou ses héritiers, mais pas un Arabe, à réclamer la propriété d’un terrain dont il a été expulsé durant la guerre de 1948, à la naissance d’Israël, lorsque la ville fut scindée en deux. Quelque 70 familles de ce vallon étroit et arboré sont aujourd’hui menacées d’expulsion. En mai 2021, leur lutte a été le catalyseur d’un bref soulèvement national palestinien, accompagné d’une nouvelle guerre à Gaza.

Dans ce chaudron, l’expulsion des Salhiya a valeur de précédent. Les activistes du quartier ne s’y trompent pas : dès lundi, à l’apparition des premiers engins de démolition, Muna Al-Kurd, porte-voix des manifestants de mai, qui résiste à l’expulsion de sa propre famille, était venue dénoncer, près de son voisin, « un nettoyage ethnique » en cours à Cheikh Jarrah. « Leur politique conduira à un massacre, mais ils s’en moquent », affirmait-elle, prédisant un nouvel embrasement.

Cas ambigu

Les organisations de défense des droits humains palestiniennes et de la gauche israélienne sont à l’unisson. Elles craignent que la droite n’exploite cette expulsion, arguant que, si le sort des Salhiya ne suscite pas de nouveaux troubles, d’autres familles pourraient bien suivre.

Le cas des Salhiya est pourtant distinct, isolé, plus ambigu. Le père est palestinien, la mère juive israélienne. Leur maison, présente sur des cartes de Jérusalem dès le début du XXe siècle, est située sur un flanc de colline, dit anciennement « la vigne du mufti ». Le terrain a longtemps appartenu à la famille d’un grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin Al-Husseini. Cette figure du nationalisme palestinien, compromise auprès de l’Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale, possédait une villa dans cette campagne.

Il vous reste 45.06% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Une famille palestinienne expulsée par la police israélienne d’un quartier sensible de Jérusalem-Est est apparu en premier sur zimo news.