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Un an de dérive au 10 Downing Street

Un manifestant tient une pancarte sur laquelle on peut lire « Personne ne m’a rien dit » alors qu’il proteste devant les Chambres du Parlement à Westminster, dans le centre de Londres, le 19 janvier 2022. JUSTIN TALLIS / AFP

Que s’est-il passé derrière les grilles de Downing Street, la rue la plus célèbre du Royaume-Uni, entre mai 2020 et avril 2021 ? Combien de « booze parties » (« soirées alcoolisées »), de fêtes de Noël et de pots de départ y ont eu lieu quand les Britanniques devaient se plier aux contraintes sanitaires imposées par le gouvernement Johnson, renoncer à leurs réunions familiales, sans pouvoir assister aux derniers instants de leurs proches ou même à leurs funérailles ? Les révélations qui s’enchaînent, sans être, pour l’essentiel, démenties par Boris Johnson et son entourage, dressent le tableau d’une « bulle » qui dictait les règles pour le reste du pays, mais ne les respectait qu’en pointillé.

Le tabloïd, proche des travaillistes, Daily Mirror, à l’origine d’une grande partie des révélations, a compté « au moins quinze fêtes » depuis le début de la pandémie, surtout à Downing Street mais aussi à Whitehall (les bâtiments ministériels attenants, au cœur du quartier de Westminster). Boris Johnson, dont au moins deux douzaines de députés conservateurs réclament le départ « Au nom de Dieu, partez ! », lui a lancé un baron du parti, David Davies, mercredi 19 janvier –, est accusé d’avoir assisté « au moins à quatre événements ». Le seul auquel il a admis sa présence est celui du 20 mai 2020. Il s’agissait d’une « BYOB » (« Bring your own bottle », « amenez votre propre bouteille »). Les invitations avaient été envoyées par son directeur de cabinet, Martin Reynolds.

Dans son courriel, publié par la chaîne ITV le 10 janvier, M. Reynolds proposait ainsi aux convives de « profiter du beau temps et de partager un verre de manière socialement distancée dans les jardins de Downing Street ». Selon des sources anonymes, citées par les médias britanniques, une quarantaine de personnes ont participé à la fête, dont M. Johnson et sa fiancée Carrie – devenue sa femme en 2021.

« Personne ne m’a dit que c’était contraire aux règles »

Une heure avant cette « BYOB party », le ministre de la culture, Oliver Dowden, expliquait, depuis le 9 Downing Street (l’immeuble où se tient la salle de presse), que les Britanniques n’avaient pas le droit de se retrouver à plus de deux en extérieur. Boris Johnson s’est excusé le 12 janvier à la Chambre des communes : « Quand je suis allé dans le jardin, juste après 18 heures, pour remercier les équipes avant de retourner travailler à mon bureau vingt-cinq minutes plus tard, je pensais implicitement qu’il s’agissait d’un événement de travail. »

« Personne ne m’a dit que c’était contraire aux règles », a-t-il ajouté sur Sky News le 18 janvier. Dans un post de blog publié la veille, Dominic Cummings, son ex-conseiller spécial devenu son pire ennemi, assure que le dirigeant « a menti devant le Parlement » (ce qui constituerait une violation du code ministériel et l’obligerait à démissionner). M. Johnson aurait été mis au courant, en amont, que la fête violait les règles du confinement, affirme M. Cummings.

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