Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a débattu en décembre de ses prévisions d’inflation. Cette dernière pourrait persister à un niveau élevé, au moment de réduire les achats d’actifs en 2022, selon le compte-rendu de leur réunion publié jeudi.
Certains membres ont estimé qu’un « scénario d’inflation ‘plus élevée pendant plus longtemps’ ne pouvait être exclu », souligne le document, contrastant avec les déclarations de l’institution, selon laquelle la hausse actuelle devrait être temporaire. L’année 2021 s’est terminée en zone euro par une hausse des prix à la consommation de 5%, tirée par l’explosion des prix de l’énergie et par les pénuries de matières premières.
Modèles périmés
Pour 2023 et 2024, la BCE mise sur un retour à la normale, avec une inflation relativement proche de 2 %, son objectif à moyen-terme. Mais l’agrégat « pourrait facilement s’avérer supérieur à 2 % ». Plusieurs facteurs, comme la lutte contre le changement climatique, ou le virage numérique des économies, accéléré par la crise sanitaire, demandent de mettre en place de nouvelles méthodes, avance l’institution, pour pouvoir mieux prévoir le taux d’inflation à l’avenir.
« Les modèles calibrés sur des données pré-pandémiques pourraient ne pas être bien adaptés pour capturer des changements structurels majeurs ou un passage potentiel d’un régime d’inflation plus faible à un régime plus élevé », détaille-t-elle. C’est pourquoi il a été acté en décembre de « prêter une attention particulière aux signaux opportuns émanant de l’économie réelle, notamment ceux des entreprises et des décideurs, plutôt que de s’appuyer principalement sur des modèles et des modèles passés ».
Par ailleurs, plus l’inflation va demeurer au-dessus de l’objectif, plus les salaires pourraient connaître une croissance élevée, alimentant à nouveau l’inflation, ajoute le document.
Poursuite des rachats d’actifs
Quoique vigilante au risque d’inflation, la BCE n’a fait qu’un petit pas en décembre vers le resserrement monétaire, à la différence de la Fed américaine qui pourrait relever ses taux dès mars 2022, avec trois ou quatre hausses sur l’ensemble de l’année. A Francfort, des « inquiétudes » se sont exprimées quant à « toute réduction prématurée » des soutiens monétaires, souligne le compte-rendu.
Au conseil de la BCE, les « colombes » favorables à un soutien ample de l’économie dominent encore le clan des « faucons », adeptes d’un concours plus restrictif. Le conseil était du reste divisé sur les modalités du resserrement monétaire de décembre.
Certains ont émis des « réserves » notamment sur « le recalibrage des achats » d’actifs publics et privés, qui passeront d’environ 80 milliards d’euros à 20 milliards en rythme mensuel d’ici octobre, pendant que les taux directeurs resteront à leur plus bas niveau historique
(avec AFP)
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