Une année « de défis » mais aussi de « progrès » : c’est ainsi que Joe Biden a qualifié sa première année de mandat mercredi 19 janvier. Il a tenté de minimiser la crise que traverse sa présidence, imputant la frustration des Américains à la pandémie tout en vantant son bilan sur le plan économique.
« Je sais qu’il y a beaucoup de frustration et de fatigue dans ce pays », a reconnu le président depuis la prestigieuse « East Room » de la Maison Blanche lors d’une rare et très attendue conférence de presse, à la veille du premier anniversaire de sa prise de fonction.
Le démocrate de 79 ans a besoin de trouver un nouvel élan. Il a dû en l’espace de deux mois enterrer deux promesses emblématiques, à savoir rénover l’Etat-providence et protéger par une grande loi l’accès au vote des minorités, pour cause de majorité parlementaire trop courte.
Joe Biden a imputé ces échecs aux républicains, reconnaissant qu’il n’avait pas « anticipé » un tel degré d’opposition des conservateurs sur ses projets. « Je n’ai pas fait de promesses trop grandes », a-t-il dit, « je n’avais pas anticipé qu’il y aurait un tel effort partisan [des républicains] pour s’assurer que le président Biden ne puisse accomplir quoi que ce soit ». A plusieurs reprises, il a d’ailleurs interpellé les républicains sur quels étaient leurs objectifs.
Le président a malgré tout promis de faire passer « de larges pans » de sa vaste réforme sociale en scindant le plan de 1 750 milliards de dollars en plusieurs projets d’investissements, notamment dans l’environnement et l’éducation.
L’inflation au plus haut
Ecartant tout changement de cap, Joe Biden s’est livré à un exercice de pédagogie. « Cela a été une année de défis mais aussi une année d’énormes progrès », a affirmé le président américain, citant notamment la campagne massive de vaccination contre le Covid-19. Il a souligné que 75 % des adultes américains étaient désormais entièrement vaccinés, contre 1 % quand son administration a pris les rênes. Le dirigeant a aussi vanté des « créations d’emplois record », une « croissance record » avec un taux de chômage désormais de 3,9 %, contre 6,4 % il y a un an.
Mais, à plusieurs reprises, il a regretté de ne pas être allé davantage au contact des Américains, notamment auprès des électeurs noirs, qui avaient massivement voté pour lui à la présidentielle de 2020. « Je vais être beaucoup sur le terrain », a-t-il assuré.
Si les statistiques économiques sont impressionnantes, l’inflation a atteint 7 % en 2021, or c’est bien ce qui préoccupe les Américains aujourd’hui. Lutter contre cette inflation, au plus haut depuis près de quarante ans, exigera « un effort de longue haleine », a-t-il concédé. « Et d’ici là, ce sera douloureux pour beaucoup de monde », a-t-il souligné.
Héritant d’un pays meurtri par la pandémie de Covid-19, secoué par un mouvement historique de protestation contre le racisme, Joe Biden a estimé que le pays était encore « loin d’être aussi unifié qu’il devrait l’être ».
S’il se représente, Kamala Harris restera sa colisitière
« Les meilleurs jours de ce pays sont encore devant nous, pas derrière nous », a-t-il martelé. Mais lui reste politiquement en difficulté : un nouveau sondage Gallup place sa cote de popularité à tout juste 40 %, contre 57 % à son arrivée au pouvoir.
Joe Biden a un peu plus d’un mois pour corriger son image de président englué dans les déconvenues : entre la conférence de presse de mercredi et son discours sur l’état de l’Union, traditionnelle allocution de politique générale des présidents, prévu le 1er mars devant le Congrès.
Après, il sera selon les commentateurs politiques trop tard pour espérer peser sur les élections législatives de mi-mandat, prévues à l’automne, et qui s’annoncent mal pour le parti démocrate. Son équipe plaide pour la patience, en se disant confiante sur le bilan final.
Le président s’est d’ailleurs projeté jusque dans l’élection de 2024, indiquant qu’il choisirait à nouveau son actuelle vice-présidente, Kamala Harris, pour être sa colistière.
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