La petite histoire retiendra que le coup d’envoi de l’élection présidentielle française a été donné par un Allemand, mercredi 19 janvier, au Parlement européen. Emmanuel Macron vient de présenter aux députés sa vision de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, qui va s’articuler, au cours du premier semestre, autour de trois enjeux : la « démocratie », le « progrès » et la « paix ». De sages applaudissements ont raccompagné le président de la République à son siège, dans un hémicycle à moitié vide du fait des restrictions sanitaires. Le Parlement de Strasbourg ronronne. Ce genre de rendez-vous revient tous les six mois, à chaque changement de présidence.
Manfred Weber, le patron du groupe du Parti populaire européen (PPE), principale force de l’institution, se présente à son tour au pupitre. L’austère Bavarois n’est pas un fan du chef de l’Etat français, qui l’avait empêché de prendre la présidence de la Commission européenne, en 2019. « Nous avons besoin de plus que de mots. Nous avons besoin d’actes », lance-t-il (en anglais) à ce président qui a multiplié durant son quinquennat les grands discours sur l’Europe, de la colline du Pnyx, en Grèce, à la Sorbonne. Les ronronnements des députés se taisent. M. Weber poursuit.
Il dénonce le clivage entre progressistes et populistes, dessiné depuis cinq ans par le locataire de l’Elysée. Ce n’est « pas sain », cela « renforcera les populistes », alerte-t-il, avant de s’engager dans la mêlée française. « Avec Valérie Pécresse, nous avons une concurrence saine au centre, se réjouit l’élu, en référence à la candidate du parti Les Républicains (LR), qui appartient à sa famille politique. J’imagine que l’électeur français pourra faire de l’équilibre des genres une réalité et que, peut-être pour la première fois, nous voterons pour une femme à la présidence de la République française. » Cette fois, les députés s’agitent dans un brouhaha. Le ton de la journée est donné.
« Le président de l’inaction climatique »
Les proches d’Emmanuel Macron se réjouissaient de voir leur champion venir à Strasbourg effectuer un tour de chauffe de la campagne pour l’élection présidentielle des 10 et 24 avril. « Ce sera une entrée en campagne de fait », anticipait un ministre pour celui qui n’est pas encore officiellement candidat à sa propre succession. Ils ont été servis. A tel point que certains parlementaires n’ont pas caché leur agacement, dénonçant une prise en otage de l’institution par la scène politique française. L’écologiste Yannick Jadot, la mélenchoniste Manon Aubry, ou encore le président intérimaire du Rassemblement national, Jordan Bardella, ont tous utilisé la tribune strasbourgeoise pour débattre avec le président de la République. Une occasion unique de s’adresser à un chef de l’Etat avec lequel les parlementaires, en France, n’ont pas le droit de débattre.
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