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Les chèvres irlandaises, décimées par la chasse aux trophées !

Revenir de vacances, avec la tête d’une chèvre irlandaise comme « trophée » : c’est ce que proposent plusieurs dizaines de sociétés à leurs clients étrangers. Un tourisme macabre qui menace la survie de la race, dont il ne subsisterait plus que 300 individus. L’ONG « Old Irish Goat Society » confie ses inquiétudes à 30millionsdamis.fr.

Pas besoin de partir à l’autre bout du monde ou parcourir des milliers de kilomètres pour chasser des animaux menacés ! Venus du continent européen, les chasseurs n’ont qu’à franchir la Manche puis la mer Celtique – et à débourser quelques milliers d’euros – pour exercer leur « loisir » en toute impunité. La chèvre irlandaise attise tout particulièrement leur convoitise, en raison de ses cornes épaisses et ondulées, de sa longue barbe et de sa robe multicolore.

Transportées vers des terrains privés pour être abattues !

« Nous avons accès à des terrains de chasse peuplés de chèvres partageant leurs racines avec des animaux amenés par les premiers colons d’Irlande il y a plus de 10.000 ans », affiche l’une des entreprises touristiques sur son site web, cité dans une pétition réclamant la fin de cette pratique. Sur internet, des clichés sanglants de chasseurs étrangers – prenant fièrement la pose à côté de cadavres – se multiplient, suscitant la colère des défenseurs des animaux. « L’émotion est très forte en Irlande en ce moment, en raison de ce massacre de notre précieuse icône nationale », confie Pádraic Browne, responsable de l’ONG Old Irish Goat Society (OIGS), joint par 30millionsdamis.fr. En tant qu’animal « féral » (issu d’animaux domestiques retournés à la vie sauvage, NDLR), la race ne bénéficie d’aucune protection et peut donc être chassée sans limite.

 

L’émotion est très forte en Irlande, en raison de ce massacre de notre précieuse icône nationale.
Pádraic Browne, Old Irish Goat Society

« Nos données sur la chasse aux trophées par des étrangers européens remontent à 2008, mais les témoignages suggèrent que cette pratique existe depuis plus longtemps, précise P. Browne. Le nombre de chèvres tuées est difficile à estimer, car les animaux sont souvent capturés dans des endroits reculés, transportés à travers le pays puis parqués sur des terrains privés pour y être tués et décapités (le chasseurs gardent la tête de l’animal comme « trophée », NDLR). » Les forfaits « touristiques » seraient d’autant plus rentables que les prix ont augmenté… afin d’inclure des hébergements haut de gamme !

S’ajoutant à la menace de l’hybridation avec des chèvres domestiques, la chasse au trophée décime la population animale, selon l’Old Irish Goat Society. Si cette cruelle pratique élimine directement les individus, elle peut également provoquer des conséquences indirectes sur la survie de la race. « Les chasseurs de trophées ciblent les individus les plus grands et les plus impressionnants, ce qui exerce une sélection non naturelle sur les populations, explique Lauren Ruddell, professeure à l’université de l’Utah (États-Unis), citée dans un communiqué de l’OIGS. (…) La chasse au trophée peut (…) augmenter les taux de consanguinité, avec des effets à long terme potentiellement catastrophiques sur la viabilité des populations. »

Un rôle essentiel dans les écosystèmes

Pourtant, outre leur valeur patrimoniale et culturelle, ces caprins joueraient un rôle « essentiel » dans les écosystèmes en broutant les ajoncs, une végétation sèche dans laquelle se propagent les flammes. « Il y a quelques mois à peine, des chèvres irlandaises ont été réintroduites à Howth (banlieue nord de Dublin, NDLR) pour lutter préventivement contre les incendies », souligne P. Browne. Une présence indispensable dans cette région où les feux avaient ravagé une superficie de quelque 26 hectares en 2021, malgré les efforts déployés par la brigade des pompiers de Dublin et l’armée de l’air (RTÉ, 17/01/2022).

Répondant à l’indignation populaire, un porte-parole du département irlandais de l’Agriculture a récemment qualifiée d’« inacceptable » la « chasse indiscriminée » des chèvres irlandaises (Business Post, 16/01/2022). « À ce jour, le gouvernement n’a rien fait pour empêcher le massacre à grande échelle de ces animaux indigènes, ni pour les reconnaître comme une race rare (et) génétiquement distincte », accuse toutefois le responsable de l’OIGS. Reste à espérer que la mobilisation des défenseurs des animaux portera ses fruits, avant qu’il ne soit trop tard !

Source

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