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Des supporteurs regardent un match de la CAN à Mora, localité située dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, en janvier 2022. JOSIANE KOUAGHEU
Gouma Mtha n’a pas dormi de la nuit. Comme c’est le cas depuis plus de quatre ans, lorsque 17 heures ont sonné à sa montre, il a abandonné sa maison pour aller se réfugier sur les montagnes de KassaI, ce village situé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Il a passé la nuit « en partie éveillé », guettant comme les autres habitants les torches de ceux que l’on appelle ici ces « gens-là », des combattants de la secte islamiste Boko Haram qui mène depuis 2014 des attaques dans cette région frontalière avec le Nigeria.
« Dès qu’on voit leurs éclairages, on s’enfonce dans les cailloux des collines. On y a construit des abris, précise cet homme né vers 1963 coiffé d’un chapeau en cuir. Mais pour vous dire vrai, cette nuit, j’ai surtout pensé au match du jour. »
Dès 7 heures du matin, ce jeudi 13 janvier, Gouma Mtha a pris la route pour se rendre à Mora, une localité qui accueille des milliers de personnes déplacées à cause de la menace du groupe islamiste. Plus de deux heures de marche rapide qui l’ont fait traverser des bourgs vidés de leurs populations.
Ce jour-là, le Cameroun affronte l’Ethiopie dans le cadre de son deuxième match de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football. « J’aime trop le football. Ça me fait oublier durant quelques heures les attaques de Boko Haram, sourit ce cultivateur de mil. Quand les Lions indomptables jouent, je n’aime pas manquer. Quand ils gagnent, ça me fait chaud au cœur. »
« Ça remonte le moral »
Il est 17 heures, l’heure du coup d’envoi de la rencontre. Gouma Mtha s’est assis sur les bancs installés face à l’écran sous la véranda d’une boutique. Ils sont plus d’une dizaine de spectateurs. Faute de places, certains sont debout.
Comme tout bon fan, ils crient lorsque les joueurs camerounais possèdent la balle, s’énervent quand l’adversaire la reprend et encouragent à grand bruit leur équipe. A l’ouverture du score par les Ethiopiens, les sourires s’effacent, jusqu’à l’égalisation et une explosion de joie. « Je suis heureux, heureux, heureux », chante Gouma Mtha.
La localité de Salak dans la région de l’Extreme-Nord du Cameroun, en janvier 2022. JOSIANE KOUAGHEU
Ibrahim Barnabas ne perd pas une miette du spectacle. C’est lui qui assure la projection devant sa petite épicerie, grâce à son vidéoprojecteur. Durant tout le mois de la CAN, du 9 janvier au 6 février, ce commerçant, par ailleurs président de Casablanca, un petit club de football du canton Pokodo-Centre, compte diffuser plusieurs matchs, en tout cas toutes les rencontres du Cameroun et du Nigeria voisin.
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